Mort tragique d'Alexandre Klein : « Alexandre était un excellent médecin, et un homme super »

Article Article

Le corps retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche sous les gravats des deux immeubles mitoyens qui se sont effondrés  en plein centre de Lille est celui d'un psychiatre calaisien, qui avait emprunté un appartement à des amis pour la nuit.

Mort tragique d'Alexandre Klein : « Alexandre était un excellent médecin, et un homme super »

Alexandre Klein, chef de service de l'hôpital de Calais, « un homme et un professionnel particulièrement apprécié pour sa gentillesse et son engagement »

© Twitter

Le centre hospitalier de Calais, où officiait ce médecin de 45 ans, le Dr Alexandre Klein, a publié un communiqué hier pour faire part du "décès accidentel" de celui qui était chef du pôle Santé mentale et addictologie.

Les secours ont passé une partie de la nuit à rechercher cet homme, dont la voiture était restée garée sur place, qui ne s'était pas présenté à ses rendez-vous et dont le téléphone "bornait" dans la zone.

Il a finalement été localisé vers 1h30 hier matin, puis extrait en fin de nuit de l'immense amas de métal et de briques de la rue Pierre-Mauroy, où se sont effondrés les deux immeubles de trois étages, une artère commerçante à deux pas de la Grand Place.

Philippe Levisse, qui connaît Alexandre Klein « depuis toujours » est atterré à l’annonce du décès de son « fils spirituel » 

Le docteur Philippe Levisse, qui connaît Alexandre Klein « depuis toujours » est atterré à l’annonce du décès de son « fils spirituel » : « En septembre, nous étions en Grèce en train de faire de la voile, avec un ami. Je suis dévasté. Alexandre était un excellent médecin, et un homme super. »

Les deux hommes se connaissaient depuis longtemps. Alexandre Klein avait suivi une partie de sa scolarité au lycée Mariette à Boulogne, avec la fille du docteur Levisse. Il a ensuite poursuivi ses études à l’université de Lille Henri-Warembourg et est resté en très bon contact avec ses camarades de promotion.

« Il était mon interne, il y a quinze ans. » Il a exercé en médecine générale libérale à Calais, rue Mollien, avec le docteur Sylvie Danneels. « Puis il a connu un souci de santé qui l’a obligé à arrêter la médecine générale. Il s’est alors tourné vers la psychiatrie. » Le docteur Levisse explique qu’ils prônaient tous les deux une thérapie sans médicaments. « Il était spécialisé chez l’adulte et moi, plus chez les enfants et les ados. » Alexandre Klein avait pris les fonctions de chef du pôle de psychiatrie du CH Calais en octobre 2021. Philippe Levisse poursuit : « Ce matin (hier, NDLR.), nous sommes passés dans le service. L’ambiance était vraiment spéciale, on sentait que tout le monde était très triste. »

De son côté, Caroline Hennion souligne : « Tous les professionnels pensent beaucoup aux proches du docteur Klein. Son service est un service de médecins, de soignants très soudés. C’est une catastrophe. C’était un homme engagé, dynamique et convaincu de l’importance du suivi de la santé mentale. » La directrice de l’hôpital explique qu’un hommage sera organisé cette semaine. « Nous n’avons ni date, ni lieu, mais cela se fera en lien avec sa famille. »

Le Parisien rapporte les propos de Frédéric Cuvillier, le maire de Boulogne-sur-Mer, où le médecin a fait son internat, partage sa « stupéfaction » et sa « grande tristesse », évoquant « un homme et un professionnel particulièrement apprécié pour sa gentillesse et son engagement ».

Une patiente enfin, livre un hommage sur Facebook : « Très triste nouvelle, repose en paix Alexandre tu vas nous manquer. Condoléances à la famille et merci pour tout ce que tu as fait pour moi », écrit Marie. À l’hôpital Jean-Éric Techer de Calais, une cellule psychologique va être mise en place pour soutenir les collègues du disparu.

Dans le Boulonnais, Stéphane Bourgeois, maire de Baincthun, village où résidait Alexandre Klein ainsi que ses parents, organise un hommage ce soir avec les élus. « Gérard, son papa, est conseiller de la commune. Je l’ai trouvé très digne avec sa femme Lucette. C’est un drame. Nous voulons leur montrer tout notre soutien. »

Il était parti de Calais pour se rendre à Reims 

La procureure de la République de Lille Carole Etienne a affirmé à l'AFP que selon l'enquête, ce psychiatre était parti de Calais pour se rendre à Reims et s'était fait prêter un appartement par des amis pour passer la nuit.

« Nous avons joint tous les propriétaires. Certains étaient sur la côte, d’autres à Lille… L’un d’entre eux nous a confirmé avoir prêté son appartement à un collègue dans le cadre d’une réunion de promo», confirme Stéphane Beauventre, commandant des opérations de secours. Le propriétaire en question a donné le numéro de téléphone de son confrère qui ne répondait pas.

"Cet accident dramatique, c'est injuste, incompréhensible"

"On est évidemment profondément choqué, ému et triste par les conditions dans lesquelles le Dr Klein a disparu", a réagi la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, également présidente du conseil d'administration de l'hôpital. "Cet accident dramatique, c'est injuste, incompréhensible", a-t-elle dit à l'AFP.

La maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a expliqué à l'AFP qu'un arrêté de péril imminent avait été pris pour un des deux immeubles effondrés, que les pompiers avaient décidé d'évacuer dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 novembre après le signalement d'un habitant.

Mais en s'écroulant avant-hier vers 9H15, ce bâtiment --sur lequel était installé un échaffaudage pour des travaux sur la façade-- a entraîné dans sa chute un immeuble mitoyen, dans lequel se trouvait le médecin.

L'enquête ouverte avant-hier pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été élargie au chef d'"homicide involontaire", a précisé la procureure. Elle "a pour objectif de déterminer les responsabilités sur l'état du bâtiment", notamment "la connaissance que pouvaient avoir les propriétaires".

Le ministre délégué au Logement, Olivier Klein, qui se rendra à Lille ce matin, avait indiqué avant-hier que le bâtiment n'était pas "frappé d'insalubrité".

Des experts judiciaires, accompagnés des services de la ville, ont visité hier une demi-douzaine d'immeubles avoisinants, évacués avant-hier, pour vérifier leur stabilité. "Aucun élément" ne laisse craindre un nouvel effondrement dans le secteur, qui restait bouclé avant-hier, a souligné Martine Aubry.

"J'ai encore un peu de mal à réaliser "

Les opérations de secours ont mobilisé 80 pompiers et plus de 40 engins, selon les pompiers du Nord. Bilan définitif : un mort et une personne secourue --une personne âgée qui vivait à l'arrière du bâtiment.

Le bilan aurait pu être bien plus élevé si un étudiant, Thibault Lemay, n'avait pas alerté les secours dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 novembre, permettant l'évacuation d'une dizaine d'habitants, après avoir constaté que son "immeuble avait bougé" et qu'un mur s'éventrait.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/premiere-garde-premier-mort

"J'ai encore un peu de mal à réaliser que, du coup, j'ai échappé à ma propre mort, à celle de mes amis, à celle d'inconnus qui passaient peut-être là, parce que la rue Pierre-Mauroy est très passante", a-t-il raconté à Europe 1.

"Il mérite évidemment d’être salué, il a évité un drame beaucoup plus important", a estimé hier le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, sur BFMTV.

"Les pompiers ont commencé à tambouriner sur les portes, mais j'ai cru que c'était des fêtards et je suis resté au lit", a raconté à l'AFP un habitant évacué, Benjamin Lopard, 35 ans, parti vers 5h30 avant-hier avec ses papiers, son ordinateur et une tenue de rechange. "Je réalise maintenant la chance incroyable qu'on a eue."

Avec AFP

Les gros dossiers

+ De gros dossiers