« Mon Parcours Psy » bilan à un an : seuls 7% des psychologues engagés dans ces consultations remboursées

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Un an après son lancement, le premier bilan du dispositif « Mon Parcours Psy » est plus que mitigé. Après un boycott massif, les psychologues libéraux demandent son abrogation et une nouvelle convention.

« Mon Parcours Psy » bilan à un an : seuls 7% des psychologues engagés dans ces consultations remboursées

© IStock

Seulement 7% des psychologues libéraux engagés dans le dispositif « Mon Parcours Psy » -initialement baptisé « Mon psy »- et 103 000 patients bénéficiaires, pour un total de 438 000 séances au total, selon le premier bilan communiqué par la Direction de la sécurité sociale (DSS).
11% de ces bénéficiaires sont par ailleurs bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (ex CMU). Un pourcentage très faible alors que le dispositif ciblait en priorité les personnes en situation de précarité pour qui les séances de psychologues non remboursées sont hors budget. 71% des bénéficiaires sont des femmes et la classe d’âge la plus représentée pour les deux sexes est celle des 26-55 ans.
Lancé en avril 2022, ce dispositif vise à rendre accessibles à toutes les personnes en souffrance des consultations auprès d’un psychologue, dans un contexte où les indicateurs de santé mentale étaient très dégradés au sortir de la pandémie de Covid-19. Le principe : après consultation et courrier de leur médecin traitant, les personnes souffrant de « troubles psychiques d’intensité légère à modérée » peuvent consulter le psychologue libéral de leur choix et ont droit à 8 séances remboursées dans l’année. Le tarif est fixé à 30€ la séance de 30 minutes et 40€ pour la première séance bilan.

Un boycott massif

Pendant que le ministre de la Santé François Braun se félicite de ce dispositif « qui révolutionne la vie de beaucoup de nos concitoyens » dans cette vidéo postée sur Twitter, les nombreux psychologues libéraux opposés au dispositif depuis sa conception remontent au créneau. Ils sont seulement 2 250 à s’être engagés en un an, sur un total de plus de 30 000 psychologues libéraux… un taux d’adhésion au ras des pâquerettes.
« Mon parcours psy est un véritable flop, comme nous avions alerté depuis 2021 avant même sa mise en place. En un an, il a touché 0.13% de la population française dont seulement 10% de public précaire. Avec 4 séances en moyenne, chaque patient a eu accès à 2 heures avec un psychologue », dénonce Camille Mohoric-Faedi, co-dirigeante du Manifeste psy, collectif qui regroupe 8600 psychologues de tous les secteurs en France.
Le dispositif a donc été largement boycotté, comme y appelait depuis un an l’association M3P et le collectif « Manifeste psy », qui regroupe aujourd’hui 8600 psychologues de tous horizons.  
En résumé, les critiques sont les suivantes : obligation à passer par le médecin traitant inutile et chronophage, critères d’éligibilité trop flous, nombre de séances annuel insuffisant pour un suivi digne de ce nom et tarifs largement pénalisants pour les professionnels. « Nous refusons ces séances ubérisées. Soigner une dépression ce n’est pas comme soigner un rhume ou une entorse. La complexité psychique requiert des soins sur mesure adaptés à chacun et pouvant être conduits par des psychologues cliniciens et psychothérapeutes ayant un titre validé par l’ARS et un numéro Adeli à l’appui », détaille Camille Mohoric-Faedi.

Un « cache-misère » ?

Selon l’association M3P, la mise en place de ce dispositif tentait de cacher la misère dans les centres médico-psychologiques. « Dans ces services publics, les professionnels souffrent d’un manque de moyens rendant leur travail parfois insoutenable. Certaines structures ont dû fermer leur liste d’attente, ne pouvant répondre aux demandes et ne pouvant laisser les patients en attente plus de 3 ans. Les 50 millions de budget dépensé pour « Mon Parcours Psy » auraient pu être injectés dans les CMP et créer 200 postes de psychologues pérennes sur 10 ans », estime Camille Mohoric-Faedi.
Dans un rapport paru en mars dernier, le Manifeste Psy demande son abrogation et la création d’une nouvelle caisse indépendante hors parcours CNAM pour le remboursement des soins psychiques ainsi que la rédaction d’une nouvelle convention.
Du côté de la DSS, on indique qu’une évaluation du dispositif est prévue par la loi au plus tard fin 2024 et qu’un comité de suivi (composé de représentants des psychologues libéraux et universitaires, de médecins, de psychiatres et de patients) « sera prochainement installé et pourra proposer des évolutions du dispositif ».   

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