Mobilisation du 22 janvier : la psychiatrie publique est sur le pont

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Le 22 janvier se tient à Paris la « journée nationale de la psychiatrie », une mobilisation destinée à alerter sur la situation catastrophique de la psychiatrie publique en France.
 

Mobilisation du 22 janvier : la psychiatrie publique est sur le pont

Un vent de révolte souffle sur l’Hexagone. Après les gilets jaunes, les stylos rouges et toutes les autres couleurs de l’arc-en-ciel, c’est la psychiatrie publique qui a décidé de faire entendre sa voix. Le mardi 22 janvier, des soignants issus de tout le pays prévoient de manifester à Paris, pour protester contre le manque de personnel et de moyens.

« L’année 2018 a vu l’émergence de collectifs soignants dans plusieurs hôpitaux psychiatriques de France : ça a commencé à Rouen, puis Le Havre, Amiens, Niort, Caen… », explique Anne Ostrowski, infirmière de nuit à l’hôpital Philippe-Pinel (Amiens) et cheville ouvrière du collectif « Pinel en lutte ».

En tout, plus d’une dizaine d’hôpitaux psychiatriques de périphérie ont connu des mouvements sociaux d’ampleur. Après une mobilisation de plusieurs mois, destinée notamment à empêcher la fermeture de deux unités de soins, le collectif Pinel vient de signer un protocole de sortie de grève. Les hôpitaux psychiatriques de Rouen (CH du Rouvray) et Le Havre (Pierre-Janet) ont connu des scénarios analogues.

Infirmiers, aides-soignants, psychologues

 « Localement, on a fini par avoir des réponses », admet Anne Ostrowski. « Mais quand on s’est rencontrés, un constat s’est imposé : la totalité des hôpitaux psychiatriques sont en souffrance, on a partout les mêmes difficultés pour soigner nos patients comme il se doit. » Elle dénonce une prise en charge réduite à sa portion congrue : pas de temps pour la médiation thérapeutique, pas de budget pour la formation, des patients refusés ou dans les couloirs…

D’où la mobilisation générale le 22 janvier, initiée par « Pinel en lutte » et reprise à la volée par une quinzaine de collectifs de soignants à Paris. Ont aussi répondu à l’appel les syndicats SUD et CGT pour les paramédicaux, l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) et le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) pour les médecins, et le collectif « Printemps de la psychiatrie » chez les psychanalystes.

Le rassemblement se tiendra à 11 heures, place de la République à Paris. Les prises de parole seront suivies d’une marche citoyenne, qui devrait se terminer sous les fenêtres de l’Assemblée nationale. Difficile à ce stade de prévoir l’ampleur de la mobilisation. Une chose est sûre : les infirmiers, aides-soignants, et psychologues sont aux avant-postes.

Annonce de la ministre dans la semaine

Et les psychiatres ? Ils sont solidaires, mais on ne les croisera pas en masse à République. Il faut dire que les médecins n’ont pas la grève facile, mais aussi que les tractations politiques ont déjà commencé. Une mission « flash » sur l’état général de la psychiatrie, conduite par la députée du Bas-Rhin Martine Wonner (LREM), a débuté en décembre. Elle devrait déboucher sur la remise d’un rapport en février.

 « Nous autres syndicats avons été conviés cette semaine à la mission "flash" », confie Isabelle Montet, psychiatre et secrétaire générale du SPH. La question de la rémunération y sera centrale. Les premières propositions commencent seulement à émerger, parmi lesquelles des indicateurs de qualité, des crédits de recherche… Mais l’inflexion budgétaire espérée par de nombreux acteurs de la psychiatrie semble peu probable.

 « Pour l’instant, la seule réponse qu’on a c’est le plan santé et les 50 millions offerts à la psychiatrie », rappelle Anne Ostrowski. « Alors que mon hôpital a 12 millions de dettes à lui seul ! » De source syndicale, Agnès Buzyn devrait faire des annonces cette semaine sur la psychiatrie. Pas sûr qu’elles suffisent à calmer le jeu après vingt ans de déliquescence.

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