Médecins, pour détecter des violences, posons LA question

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Pour réduire le nombre de victimes, les professionnel·les de santé ont leur rôle à jouer. Celui de détecter et d’accompagner ces dernières sans jugement et sans passer outre le consentement. 

Médecins, pour détecter des violences, posons LA question

Chaque année, France Victime organise des Assises pour réfléchir à la place accordée dans nos sociétés aux personnes qui ont été victimes de violences, de vols ou de tout autre préjudice. Créée en 1986, sous l’impulsion de Robert Badinter, France Victime regroupe aujourd'hui 130 associations et plus de 1500 professionnel·les. 

Cette année, et pour la première fois depuis sa création, les questionnements se concentreront sur les liens entre santé, justice et victimes. Une façon aussi de rappeler le rôle essentiel des médecins dans la prévention des violences. “La santé des victimes est une problématique fondamentale, explique Olivia Mons, porte-parole de la Fédération France Victimes. Il est nécessaire qu’elle soit plus prise en considération dans l’intérêt de la société tout entière.” 

Pour tenter de faire bouger les lignes, plusieurs tables rondes se tiendront les 28 et 29 juin à Nevers (Bourgogne Franche Comté). Côté professionnel·les de santé Anne Matthews-Gaulon, pédiatre à Lille et référente enfance en danger, parlera notamment de la manière de mieux détecter les violences. De son côté Laurent Martrille, médecin légiste au CHU de Montpellier parlera du schéma de médecine légale en France. “La manière dont les violences physiques et psychologiques sont comptabilisées diffère beaucoup d’un institut médico-légal à l’autre, souligne Olivia Mons. Ce qui est difficilement acceptable pour les personnes qui ont été victimes.” 

 

Si on lui avait posé la question, cela lui aurait évité 15 ans de violence

 

Ce que confirme Marie, 23 ans, victime de violences conjugales. “Lors de l’examen médico-légal, j’étais nue et c’est très impressionnant. La charge mentale sur la victime est très forte. C’est à nous de supporter encore et encore que l’on nous touche, que l’on nous observe pour espérer qu'à moment donné on finisse par nous croire. Sincèrement, il faut être préparé.”

Ce que confirme Ghada Hatem, gynécologue. “La procédure de plainte est longue et il est préférable d’être accompagné·e pour tenir le coup physiquement et moralement.” Elle sera également présente aux Assises pour parler de la Maison des femmes de St-Denis (Ile-de-France) qu’elle dirige. Elle devrait revenir sur le modèle qui a été mis en place ainsi que les déclinaisons possibles à imaginer. 

Autre point qui sera abordé : la formation des généralistes à détecter les violences. “Si l’on veut mieux prendre en charge les victimes, il est nécessaire de poser la question ‘avez vous déjà été victime de violences’ au même titre que ‘avez-vous déjà eu une opération?’, souligne Laurent Martrille. Une fois une femme m’a expliqué que si on lui avait posé la question il y a plusieurs années, cela lui aurait probablement évité 15 ans de violences.”

D’autant plus que les violences sexistes et sexuelles ont des répercussions sur l’intégralité de la vie de la personne qui en a été victime, mais aussi de ses proches. “On commence à peine à prendre en charge les enfants qui ont vu des violences conjugales, continue Laurent Martrille. Pourtant les séquelles sont là, et il est important aussi de les écouter.”

Ces assises autour de la prise en charge des victimes se feront néanmoins sans les premières personnes concernées. Aucune association ou victime n’a été invitée pour parler de son expérience et des points qui pourraient être améliorés, confirme le service de presse.

 

 

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