Maintenant un algorithme repère la maltraitance envers les enfants hospitalisés

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Un algorithme pourrait aider à repérer plus facilement les maltraitances envers les enfants lorsque ceux-ci sont hospitalisés, selon une étude publiée par une équipe d'épidémiologistes et de médecins légistes, qui proposent de s'appuyer sur les pathologies recensées dans les bases des données des hôpitaux.

Maintenant un algorithme repère la maltraitance envers les enfants hospitalisés

Cet outil d'intelligence artificielle, efficace pour des enfants de moins de cinq ans, pourrait permettre de "repérer une maltraitance qui ne saute pas aux yeux", et ainsi donner l'alerte, expliquent ces spécialistes de l'Université de Dijon, dont les travaux sont publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France.

Le dispositif repose sur l'utilisation du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) des hôpitaux et cliniques, où sont recensées et codées les pathologies et lésions constatées sur chaque patient.

Dans le cas de violences physiques sur de jeunes enfants, "les lésions ne sont pas toujours très spécifiques : ce peuvent être par exemple des ecchymoses qui ne vont pas forcément interpeller les professionnels", d'autant que les médecins urgentistes ne connaissent pas les antécédents du jeune patient, a relevé Catherine Quantin, épidémiologiste et biostatisticienne et l'une des auteurs de l'étude, lors d'un point de presse.

Or, "si l'enfant est venu plusieurs fois à l'hôpital", et que le dispositif repère une répétition de "lésions un peu étranges", il peut donner l'alerte, a ajouté Mélanie Loiseau, co-autrice de l'étude et spécialiste en médecine légale. La maltraitance est plus probable si les lésions constatées sont " d'âges différents", par exemple si l'enfant présente une fracture récente mais aussi des séquelles de fractures anciennes.

Des résultats fiables à 85% dans le cas d'une maltraitance hautement probable

La pertinence de l'algorithme a été testée par une équipe de médecins légistes qui ont étudié en détail les dossiers de 170 enfants "repérés" par l'intelligence artificielle, pour vérifier si effectivement on pouvait penser qu'ils avaient subi des violences.

Les résultats se sont révélés fiables à environ 85% dans les cas où l'algorithme avait identifié une "maltraitance hautement probable", et à 50% dans le cas d'une "maltraitance suspectée". Plus l'enfant est jeune, plus le résultat est fiable, car "avant un an, le bébé reste dans son berceau, donc s'il est blessé, c'est qu'il ne s'est pas fait mal tout seul", a résumé Mme Loiseau.

Cette innovation peut être utile pour améliorer la perception statistique des violences physiques sur les enfants, mais aussi "d'un point de vue individuel" pour faire en sorte que les cas suspects soient "étudiés par des médecins qui ont l'habitude de la maltraitance", et faciliter ainsi les signalements à l'autorité judiciaire, selon la médecin.

Avec AFP

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