« L’Ordre des médecins se comporte comme un Clergé, nous voulons sa dissolution »

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Des médecins des Pays de la Loire refusent de s'acquitter de leurs cotisations. Un acte de contestation par rapport aux orientations politiques et financières du Conseil de l'Ordre. Le procès devait avoir lieu vendredi 16 septembre et a été reporté au 15 novembre, afin que les six médecins soient entendus. Marie Kayser et Guillaume Getz, Deux des médecins rebelles nous expliquent leur combat.

« L’Ordre des médecins se comporte comme un Clergé, nous voulons sa dissolution »

© IStock 

« L’ordre ne remplit pas les missions de service public qu’il devrait remplir. » Leur avis est clair et implacable, fondé sur le rapport plutôt accablant de la Cour des Comptes de 2019. « Le fonctionnement de l’Ordre est opaque, il prend des positions politiques sur le système de santé, avec lesquelles nous sommes en désaccord, alors que ce n’est pas son rôle. Il ne défend pas les patients et ses jugements sont en contradiction avec la juridiction ordinaire. » explique Marie Kayser, médecin généraliste retraitée. Guillaume Getz, médecin généraliste à Saint-Herblain, renchérit « ils sont complices d’actes criminels, beaucoup de scandales ont émaillé l’Ordre. Il n’enregistre pas les plaintes des patients abusés sexuellement ou les classe sans suite et n’interdit pas aux médecins d’exercer, comme cela a été le cas dans l’affaire de Joël le Scouarnec. »

Ces deux médecins en colère ne sont pas les premiers, ni les seuls à s’en prendre à l’institution. Une pétition contre l’Ordre avait été lancée. Jean Yves Lemardeley, médecin généraliste avait lui aussi refusé de payer une partie de sa cotisation : « Depuis le rapport de la Cours des Comptes de décembre 2019 sur les dérives financières du comptable de la CNOM, j’ai décidé de régler ce qui équivaut à la partie départementale et régionale. Cela correspond à 200 euros et quelques sur 335 euros ». Il est alors menacé d’être suspendu. What’s up Doc avait alors interrogé l’Ordre sur cette affaire qui n’avait pas souhaité réagir.

« Nous souhaitons montrer que c’est possible de ne pas payer. Nous voulons créer un rapport de force. »

Ce nouveau procès est une tribune et a pour objectif « de permettre aux médecins de ne pas payer leur cotisation à l’Ordre en créant une jurisprudence » explique Guillaume Getz. « Nous souhaitons montrer que c’est possible de ne pas payer. Nous voulons créer un rapport de force. »

A terme ils souhaitent la « dissolution » complète de l’organisme. « Nous serions pour le transfert des missions aux organismes compétents. En matière de juridiction, un service de juridiction public. Pour les remplaçants, un service de la caisse maladie. L’instruction des refus d’action de soin devrait être donnée à l’assurance maladie. La surveillance entre les liens de l’industrie pharmaceutique pourrait être confiée à la HAS. »

Marie Kayser, même retraitée, est tout autant remontée aujourd’hui qu’à l’époque où elle a perdu son procès contre l’organisme dans les années 80. « Je me sens concernée par les questions de santé publique et j’estime que les prises de position de l’Ordre sont nocives pour la santé publique, comme les questions sur l’IVG ». Pour ces médecins révoltés, l’Ordre se comporte comme les syndicats de la droite dure ou « le Clergé ». « L’Ordre n’agit que lorsqu’il est contraint et forcé et ne représente plus l’avis de la majorité des médecins. »  

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