Les médicaments biosimilaires : des “ vrais faux génériques ”

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[Chronique du Pharmacien] Les médicaments biosimilaires sont devenus un enjeu économique pour l’assurance maladie. L’hôpital doit être le moteur de ce développement afin de faire économiser des dépenses en ville. Ce projet semble facile sur le papier, mais plus difficile à mettre en œuvre sur le terrain.

Les médicaments biosimilaires : des “ vrais faux génériques ”

“ Ha oui en fait si je te comprends bien c’est la même chose, une sorte de générique, mais on doit parler de biosimilaire ! ” 

Voilà l’échange que j’ai eu récemment avec un collègue médecin sur le traitement d’un malade. Le patient avait, en chronique, une insuline nouvelle génération, copie d’une molécule de référence. En l’absence de ce médicament sur l’établissement et de la nécessité de poursuivre les injections, nous avons échangé sur les alternatives possibles pour poursuivre l’équilibre glycémique.

Car oui, depuis quelques mois, les médicaments dits biosimilaires sont apparus dans les prescriptions des médecins spécialistes notamment en rhumatologie ou en diabétologie par exemple. Ces molécules issues d’un process de fabrication différent par rapport à leurs princeps ont néanmoins une équivalence d’action. Cet atout leur permet de pouvoir venir concurrencer des molécules installées depuis des années et bien souvent coûteuses pour l’assurance maladie. 

Mais attention, pour compliquer la compréhension des médecins et des pharmaciens non spécialistes, on ne doit pas parler de générique. Grâce à des études de bioéquivalence, ces molécules sont des alternatives de prise en charge pour de nombreux patients chroniques. Et bien évidemment, l’aspect financier est le moteur de cette promotion, car ces nouveaux médicaments sont bien moins coûteux pour la société. 

 

Le prix des médicaments biosimilaires est inférieur aux spécialités de référence.

Les autorités de santé ont donc décidé de favoriser leur prescription en ciblant prioritairement l’hôpital. La ville ne semble pour l’instant pas concernée par ces objectifs. La preuve en est, les pharmaciens d’officine n’ont pas le droit de substitution de ces médicaments contrairement aux génériques. Car pour pouvoir modifier une prescription initiale, il faut que le médecin valide avec le patient ce changement de molécule en expliquant l'intérêt pour lui.

C’est pourquoi les services hospitaliers grands prescripteurs de ces molécules sont incités financièrement à promouvoir ces biosimilaires dans leurs ordonnances de ville.

Cette histoire n’est pas sans vous rappeler la mise en œuvre des génériques en ville il y a quelques années. 

À l’époque, médecins et pharmaciens étaient incités à basculer et à expliquer aux patients l’équivalence des génériques (et le gain pour l’assurance maladie !). Résultats, après plusieurs années de travail de terrain et de pénalité financière pour les patients, les médicaments génériques sont devenus incontournables.

Les événements semblent donc se répéter aujourd’hui avec les biosimilaires. Les hospitaliers sont cette fois au cœur de la stratégie imaginée par les autorités de santé. Les difficultés rencontrées lors de la promotion des génériques ne semblent pas avoir été prises en compte. Les mêmes erreurs de communication auprès du grand public et le manque d’informations des professionnels obligent encore une fois à un gros travail d’explication sur le terrain. 

Mais l’enjeu économique semble tellement important pour l’assurance maladie que la marche en avant est enclenchée depuis quelques mois. Attendons maintenant les chiffres de remboursement pour pouvoir apprécier la stratégie en place.

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