Les centres de santé, du dispensaire à la structure ultra moderne

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On les appelait autrefois les dispensaires… mais ça, c’était avant ! Aujourd’hui, les centres de santé (il y en a 1700 en France !) ont toujours pour mission de renforcer l’accès aux soins pour tous, mais ils se distinguent par la modernité de leurs équipements et de leurs pratiques. Retour sur l’histoire de ces structures pas comme les autres.

Les centres de santé, du dispensaire à la structure ultra moderne

« Il y a 33 ans, j’étais toute jeune médecin et je postulais pour exercer dans un centre COSEM (Coordination des Œuvres Sociales et Médicales – association de santé créée en 1945 par le Dr Hirsch). Lors de l’entretien de motivation, on m’a demandé si je savais ce qu’étaient les centres de santé. J’ai répondu du tac au tac qu’il s’agissait de dispensaires où les gens sans moyens venaient se soigner. Je peux vous dire que le directeur du centre ne m’a pas ratée ! Je venais de dire une énorme bourde et j’ai été bien recadrée… ».

 

« Tout le monde vient en centre de santé »

En se rappelant cette anecdote, le Dr Laurence Marrié sourit. Celle qui dirige le centre de santé Kersanté du 19e arrondissement de Paris, et qui a travaillé pendant plus de 30 ans dans des centres de santé (après un premier entretien malgré tout fructueux !), en connaît un rayon sur ces structures. Leur tradition s’inspire effectivement des dispensaires mais aujourd’hui, les centres de santé s’en distinguent totalement.

«  Le premier centre COSEM a été ouvert au lendemain de la guerre par le Dr Hirsch, un médecin juif, alors que de très nombreuses personnes sortaient des camps et n’avaient aucun moyen de se soigner. Le Dr Hirsch a donc créé un centre où toutes les personnes sans argent pouvaient accéder à des soins. Mais aujourd’hui, les centres de santé accueillent absolument tout le monde. Avant, ils étaient réservés aux plus nécessiteux. Ce n’est plus le cas. Tout le monde vient se soigner en centre de santé et bénéficie du tiers-payant », explique Laurence Marrié.

 

« Les médecins y font carrière »

Par ailleurs, dans les dispensaires, les médecins venaient donner un peu de leur temps libre pour soigner les patients démunis. C’était une sorte d’activité humanitaire en parallèle à leur exercice médical. Aujourd’hui, il n’en est rien : travailler en centre de santé relève d’un réel projet professionnel.

En effet, en centre de santé, les professionnels de santé sont impliqués autour d’un projet de santé et pratiquent une médecine coordonnée à la pointe de la modernité. Ils s’approprient les protocoles, les parcours de soins, les modèles de prise en charge pour gagner en efficacité et en pluridisciplinarité. Ils mettent en place de multiples projets innovants - téléconsultation, unité de supports aux urgences, nouveaux modes de rémunération…

« Les médecins font carrière en centre de santé, certains n’ont même jamais été installés car ils préfèrent travailler dans ce type de structures », souligne le Dr Marrié. Bref, c’est un fait : la pratique médicale dans ces structures a bien évolué.

 

Une informatisation précoce

Et l’accès aux équipements aussi. Alors que les dispensaires faisaient comme ils pouvaient avec ce qu’ils avaient, les centres de santé, eux, ont maintenant la capacité de s’organiser pour acquérir des dispositifs modernes et fluidifier les parcours de soins.

« Par exemple, beaucoup de médecins libéraux n’ont pas vraiment de logiciel métier, n’ont pas mis en place le dossier médical partagé… Moi, je suis informatisée depuis 2000 ! C’est ce que permettent les centres de santé : se réunir en équipe pour mieux s’organiser. Quand on est seul dans son cabinet, qu’on manque de temps et de  moyens, c’est plus compliqué. ».

 

Spiro, polygraphe, ECG, … des centres suréquipés !

Le fait de travailler en équipe permet en effet de mutualiser les moyens, pour acquérir du matériel médical à la page. « Par exemple, dans notre centre, on vient d’acheter un spiromètre et un polygraphe. On va bientôt acheter un pOpmètre. On voit bien tout l’intérêt qu’il y a à être en groupe : avoir un polygraphe, pour un libéral installé seul, n’est pas rentable. Il faut le poser, le lire, le nettoyer… et puis ce n’est pas donné. Mais quand on est plusieurs, ces difficultés s’effacent ! ».

« On est passé des dispensaires où les démunis venaient se soigner avec les moyens du bord, aux centres de santé où le patient bénéficie d’une prise en charge innovante, avec du matériel adapté et moderne », résume le Dr Marrié.

- Une plongée dans les centres de santé signée Kersanté et What's Up Doc. 

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