Les bénéficiaires de l’AME victimes de discriminations lors de la prise de rendez-vous avec les médecins

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Les bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat (AME), étrangers en situation irrégulière à faibles revenus, sont victimes de discriminations lors de prises de rendez-vous téléphoniques avec un médecin, comme l'illustre une étude basée sur un testing et publiée ce vendredi 12 mai.

Les bénéficiaires de l’AME victimes de discriminations lors de la prise de rendez-vous avec les médecins

© IStock

Cette étude de l'Institut des politiques publiques, sous l'égide du ministère de la Santé et de la Défenseure des droits, s'appuie sur un testing téléphonique réalisé entre mars et septembre 2022 auprès de plus de 3 000 praticiens dans trois spécialités: médecine générale, ophtalmologie et pédiatrie.

A chaque fois, une demande de rendez-vous pour un motif non urgent a été faite pour trois profils de patients: bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS, qui facilite l'accès à une assurance complémentaire santé pour les personnes résidant en France de façon stable et régulière et disposant de faibles revenus), bénéficiaires de l'AME (qui s'adresse aux étrangers en situation irrégulière, résidant en France depuis au moins trois mois et disposant de faibles revenus) et des patients dits "de référence" ne recevant aucune de ces deux aides.

Délais de rendez-vous : 8 jours pour un généraliste, 25 jours pour un pédiatre et 55 jours pour un ophtalmo

L'étude montre des difficultés d'accès aux soins pour tous : seule la moitié des patients de référence obtiennent un rendez-vous, quatre appels sont nécessaires en moyenne pour entrer en contact avec un cabinet médical et les délais pour un rendez-vous atteignent huit jours avec un généraliste, dépassent 25 jours chez un pédiatre et 55 jours pour un ophtalmologue.

Les bénéficiaires de la CSS obtiennent un rendez-vous dans les mêmes proportions que les patients de référence.

En revanche, ceux qui reçoivent l'AME "doivent appeler 1,3 fois plus que les patients de référence pour obtenir un rendez-vous". Ils ont "entre 14 et 36% de chances en moins d'avoir un rendez-vous chez un généraliste, entre 19 et 37% de chances en moins chez un ophtalmologue et entre 5 et 27% chez un pédiatre", constatent les auteurs de l'étude pour qui "il s'agit d'un obstacle supplémentaire à l'accès aux soins de ces publics fragiles".

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S'agissant des praticiens, l'étude relève que "des discriminations sont le fait d'une minorité" mais "ont une ampleur non négligeable et sont souvent exprimées de manière explicite" : "près d'un refus de rendez-vous sur dix opposé aux bénéficiaires de l'AME est explicitement discriminatoire", bien qu'il s'agisse d'un délit et d'un acte contraire à la déontologie.

Avec AFP

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