Le sourire du plombant

Article Article

Critique de "Smile", de Parker Finn (sortie le 28 septembre 2022)

Le sourire du plombant

Une jeune femme se suicide sourire aux lèvres devant la psychiatre qui l'accueille aux urgences, non sans lui avoir d'abord révélé les terribles visions qui ont fait de sa vie un enfer. Visions qui se mettent à assaillir notre pauvre consoeur. Un scénario malin, qui tient la route et qui est respecté par une mise en scène qui trouve toujours le ton juste. Un bon moment de cinéma.

A l'heure où la promotion de la santé mentale et la déstigmatisation des troubles psychiatriques trouvent enfin écho dans notre société - on vous conseille au passage le festival Culture Pop & Psy qui aura lieu le week-end prochain et dont le programme élaboré par l'ami Jean-Victor Blanc est plus qu'alléchant - nous étions enchantés à l'idée de découvrir le film Le Soleil de trop près, narrant les espoirs de rétablissement d'un jeune schizophrène. Las, ce fut impossible, le film ne passant dans aucune salle lyonnaise - et une seule salle parisienne, malgré une campagne d'affichage en fanfare en total décalage avec cette programmation confidentielle. Nous avions vécu la même mésaventure avec A la folie, film d'une réalisatrice au talent reconnu. La déstigmatisation s'arrêterait-elle à la porte des circuits de distribution? Dont acte. 

Malgré tout, nous l'avons trouvé, notre film "psy" de la semaine. Mais avec Smile, point de pertinence clinique ni de réhabilitation d'une quelconque pathologie. A coups de clichetons, le premier étant le sempiternel trauma dont est affublé le psy, chevalier blanc en burn-out et surtout très poissard, Parker Finn réussit pourtant l'exploit de trousser un parfait film de genre, qui ne s'encombre de presque aucune surenchère de réalisation, et qui trace son histoire d'une ligne sombre et droite - un Get Out sans sous-texte, et sans génie. Il manie habilement le classique combo entre le récit d'une traque et celui d'un bon vieux trauma en arrière-plan. L'idée étant évidemment de dénouer les fils de la souffrance pour que cesse la poursuite. A ce jeu-là, notre pauvre psychiatre ne manque ni de persévérance, ni d'ingéniosité, même si l'on est plusieurs fois tenté de lui crier de tester un minimum de défusion cognitive. Avec en prime une tendance à la cruauté gratuite en mode "familles et animaux domestiques je vous hais", Smile s'impose comme le passe-temps idéal après une semaine chargée.

Les gros dossiers

+ De gros dossiers