« Le projet DRAD, c’est la médicalisation et le suivi d’un Ehpad, mais chez soi ! Le rêve de 80% des personnes âgées »

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Le projet DRAD (dispositif renforcé de soutien à domicile) permet une alternative à l'Ehpad à 600 personnes âgées, réparties sur 11 territoires. Une innovation pour donner la possibilité aux personnes âgées de rester chez elle en toute sécurité grâce à une équipe de soignants disponibles H24. Jean-Luc Philip, médecin coordinateur, nous explique tout !

« Le projet DRAD, c’est la médicalisation et le suivi d’un Ehpad, mais chez soi ! Le rêve de 80% des personnes âgées »

© IStock 

What's up doc : En quoi consiste le DRAD ?  À qui s’adresse-t-il ?

Jean-Luc Philip : C’est une expérimentation sur 3 ans dans le cadre de l’article 51 faite en collaboration avec la Mutualité Française, l’Hospitalité Saint Thomas de Villeneuve (HSTV) et la Croix-Rouge.  Cela concerne les personnes en perte d’autonomie souhaitant rester chez elles. Elles sont souvent atteintes de la maladie d’Alzheimer, de problèmes neurodégénératifs qui commencent à poser des problèmes. Nous prenons en charge des patients qui sinon seraient candidats à une entrée en Ehpad. Le DRAD permet de rester le plus longtemps possible à son domicile. 

Comment s’organise le DRAD ?

J-L P. : On retrouve le fonctionnement d’un Ehpad. Nous avons une équipe composée d’un directeur, d’un médecin coordinateur, d’un responsable de parcours, d’une aide-soignante en gérontologie très présente au domicile et trois personnes ressources : un ergothérapeute, un psychologue et une infirmière coordinatrice. Nous travaillons avec des équipes à domicile :  des kinés, des infirmières, des orthophonistes et éventuellement d’autres personnes. Nous avons aussi un troisième niveau avec des personnels pour accompagner et surveiller la prise en charge des personnes en ville, les prises de rendez-vous…

Tout est coordonné au niveau du dossier médical. Tout ceci, n’existait pas à domicile

Comment se passe la prise en charge des patients concrètement ?

J-L P. : Quand une personne est en difficulté, on nous appelle. Notre responsable de parcours et moi-même faisons une évaluation à domicile afin de déterminer son niveau de perte d’autonomie. Nous déterminons les besoins de la personne à plusieurs niveaux. En fonction de cela nous nous réunissons avec l’équipe pour analyser comment nous effectuons cette admission.  

Une fois que la prise en charge est décidée, nous nous mettons en lien avec le médecin traitant. Puis nous créons un dossier médical informatique, sur le même modèle qu’en Ehpad. Il permet aux aides-soignantes en gérontologies de faire des transmissions dans le dossier médical. Le médecin traitant peut le consulter, il a une vision de tout ce qui se passe. De mon côté cela me permet à distance et lors de nos réunions d’avoir tous les éléments. Tout est coordonné au niveau du dossier médical. Tout ceci, n’existait pas à domicile, souvent nous n’avions pas les antécédents. Nous mettons aussi en place des mesures de prévention. Si la personne a un problème, elle peut passer en accueil de jour, faire un séjour temporaire en Ehpad de 15 jours si elle doit subir une opération des dents par exemple. Nous sommes vraiment là pour accompagner, soulager.

Quel manque comble le DRAD ?

J-L P. : Les personnes qui restent à domicile sont isolées sans rien. De moins en moins de médecins font des visites à domicile. Certains soins sont limités, mal suivis ou absents. Le DRAD permet un suivi optimal avec de nombreux acteurs.

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Quelles sont les atouts par rapport à une maison de retraite pour vous ?

J-L P. : Les patients restent chez eux. C’est le souhait de 80 % de la population. C’est important de bien écouter les gens, leur projet. Nous avons une ressource pluridisciplinaire, une vraie équipe médicale. Nous mettons des ressources à domicile et une expertise qui n’existait pas afin de  prévenir les chutes avec l’ergothérapeute, adapter la maison. Nous modifions tout doucement l’environnement : lit médical, salle de bain mieux adaptée… Les aides-soignantes font des stimulations, elles aident les patients à sortir, à prendre l’air. Nous avons des liens avec l’Ehpad, les patients peuvent participer aux activités, les lotos, une animation de cheval ou de médiation animale… De plus il y vraiment une expertise gérontologique. Nous agissons sur trois piliers : la nutrition, l’activité physique et le sommeil. Ce sont trois axes de gériatrie qui ne sont pas travaillés habituellement à domicile. Et l’on oublie pas le lien social.

Du côté de la nutrition, il y a un vrai travail avec les familles. Souvent, elles imposent des plats tout faits en oubliant les goûts des personnes âgées. Nous les pesons tous les mois, ce qui me permet de suivre les courbes de poids et d’alerter les médecins traitants en cas de baisse.  Nous n’attendons pas la chute pour améliorer les choses.

Nous avons aussi une permanence de nuit avec un lien via les télé-alarmes, c’est un outil important. Nous avons une infirmière de nuit. S’il y a un problème, nous pouvons hospitaliser la personne. Cela rassure tout le monde.

Ca parait idéal, y a-t-il encore des choses à améliorer ?

J-L P. : La seule faille qu’il pourrait y avoir, serait que les financeurs ne prennent pas consciences de l’urgence de mettre en place ce système qui permet de faire des économies car les coûts sont plus bas que ceux d’un Ehpad

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