La réforme du 3e cycle traduit « une volonté d’arnaquer le post-internat »

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Les représentants d’internes et de jeunes praticiens (Isni, CNJC, Jeunes médecins et SNJAR) ont cosigné un communiqué demandant à rouvrir les discussions sur la phase de consolidation de l’internat. Pour eux, le post-DES (et le secteur 2) est en danger.
 

La réforme du 3e cycle traduit « une volonté d’arnaquer le post-internat »

Quelles sont les intentions (presque) cachées derrière la réforme du troisième cycle ? En place depuis la rentrée des internes tout frais de la promotion 2017, elle rebat les cartes en instaurant trois phases : socle, approfondissement, consolidation. Pour cette première génération qui a débuté sa phase d’approfondissement en novembre 2018 – à l’issue de laquelle ils devront être thésés –, les contours de la phase 3 sont encore flous.
 
C’est en tout cas ce que reprochent les représentants d’internes et de jeunes médecins (notamment spécialistes)* dans un communiqué publié le 25 mars. « Les modalités de cette réforme ne restent que partiellement définies », expliquent-t-ils, mettant en avant des interrogations sur « le degré de responsabilité médicale », « le salaire »,  « le mode de choix de stages » ou encore « le financement des docteurs juniors ».

Déshabiller pour habiller

Emanuel Loeb, président de Jeunes médecins, s’inquiète de la manière dont la réforme du troisième cycle pourrait aboutir. « On s’aperçoit que la réforme initiale, qui est celle de l’internat, ne peut pas s’envisager sans celle du post-DES », explique-t-il à What’s up Doc. « Il y a toujours cette volonté d’attaquer le post-internat ».
 
Plusieurs inquiétudes pour le jeune psychiatre. Pour les chirurgiens, par exemple, le post-internat ne sera plus obligatoire. « Dans cette optique, il n’y aura donc plus de raison de maintenir tous les postes de chefs de clinique », précise-t-il. « En plus, il y a une volonté de développer les postes universitaires en médecine générale. Au lieu de les créer, nous redoutons qu’ils soient récupérés ailleurs ». Par exemple, chez les chir’.

Pas de construction, pas de palais

De manière plus technique, les représentants des jeunes médecins soulignent un flou sur le financement des docteurs juniors. « Les internes sont financés à 50 % par l’hôpital, et à 50 % par les crédits Merri pendant les trois premières années », poursuit Emanuel Loeb. « Ensuite, la part des hôpitaux baisse à 30 %. On peut penser que les futurs docteurs juniors seront rémunérés à 100 % par les établissements, qui devront piocher dans leurs dotations, et on voit donc mal comment ils pourraient financer à la fois leurs internes thésés et les postes de post-internat ». Et la hausse de 0,5 % des tarifs hospitaliers ne suffira sans doute pas.
 
Le représentant de Jeunes médecins demande à ce que la réforme de l’internat soit révisée, en y incluant celle du post-internat. La crainte, exprimée dans le communiqué commun des syndicats, est que cette réforme soit une attaque à peine masquée au secteur 2. À l’issue de la phase 3, les docteurs juniors n’auront effectué qu’une année d’exercice leur ouvrant la porte des honoraires libres. Sans postes disponibles d’assistants, les jeunes médecins ne pourront pas y avoir accès… Ça serait fait exprès, que ça ne nous étonnerait pas.
 
 
* Intersyndicale nationale des internes (Isni), Conseil national des jeunes chirurgiens (CNJC), Jeunes médecins et Syndicat des jeunes anesthésistes-réanimateurs (SNJAR)
 

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