La réforme de la quatrième année « une insulte de plus envers les internes, la goutte de trop ! »

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Le gouvernement a prévu une quatrième année d’internat obligatoire pour les internes de médecine générale en zone sous dotée, dès la rentrée universitaire 2023. Olivia Fraigneau, présidente de l’ISNI est sous le choc et vent debout. Elle appelle à la grève en octobre.

La réforme de la quatrième année « une insulte de plus envers les internes, la goutte de trop ! »

What’s up doc : Vous parler d’une mobilisation contre l’ajout de cette quatrième année d’internat en médecin Gé, pourquoi ?

Olivia Fraigneau : Nous ne sommes pas contre une quatrième année, nous sommes contre une année construite à la va-vite uniquement en zone ambulatoire, avec une incitation forte à la zone sous dotée. Une quatrième année construite sans les interlocuteurs que sont les syndicats d’internes.

Savez-vous déjà quand vous appelez à la grève des internes et étudiants en médecine ?

O.F. : Non car il faut respecter une série de tâches administratives. Mais si le discours continue dans ce sens-là et qu’on impose une quatrième année sans avoir réformé celle qui existe oui nous irons à la grève. Ce n’est plus possible, il y a trop d’abus ! 

Quels sont ces abus ?

O.F. : Comme pour tout ! Nous avons appris qu’il y aurait une quatrième année de médecine générale en zone sous-dense prioritaire et uniquement ambulatoire via la presse. Alors que lors des dernières discussions, il était convenu que si cette quatrième année de médecine générale était lancée, ce serait en fonction du projet professionnel de l’interne. Là on en est bien loin !

Est-ce une surprise pour vous que ce texte arrive comme ça à l’Assemblée ?

O.F. : La méthode m’a surprise, car on nous avait dit que nous travaillerons ensemble et que ce serait co-construit. Cela n’a pas du tout était le cas. C’est irrespectueux vis-à-vis des internes.

Mais vous vous attendiez à cette quatrième année.

O.F. : Oui cela fait des mois qu’on en parle et c’était une promesse dans le programme d’Emmanuel Macron donc c’était effectivement compliqué de se dire que ce ne serait pas suivi.

Mais vous déplorez le manque de concertation en amont ?

O.F. : La position du réseau des internes de l’ISNI est : que cela doit dépendre du projet pro des internes, ils envisageaient plutôt une quatrième année optionnelle en fonction des choix de chacun. En fonction des profils. De la volonté de se perfectionner dans certains domaines plus que d’autres, comme la gynéco ou la pédiatrie.  

L’ISNI s’oppose à l’idée même d’une quatrième année obligatoire. Nous avons fait une étude avec 2 000 réponses qui qui conclut que les internes de médecine générale sont satisfaits de leur formation et se sentent prêt à exercer. Nous n’avions pas d’arguments en faveur d’une nouvelle année de formation. En sachant qu’il y a un certain nombre de trous dans la raquette. Depuis la réforme il était censé y avoir un stage libre. Un certain nombre de choses qui devaient être mises en place ne le sont toujours pas. Avant de faire une quatrième année, autant déjà régler les problèmes des trois années d’internat existantes. On ne peut pas déclarer que la formation n’est pas suffisante quand elle n’est pas optimale.

Tous les syndicats d’étudiants et d’internes sont unis contre cette 4e année obligatoire ?

O.F. : Pour l’instant nous n’avons pas fait de communiqué de presse commun car nous n’avons pas complétement les mêmes points de vue sur tout. Par contre nous sommes tous les trois d’accord avec l’ISNAR et l’ANEMF pour dire que nous irons ensemble à la grève.

Pensez-vous que les internes des autres spécialités vous suivront, qu’il y aura une forme de solidarité ?

O.F. : Notre communiqué sur la grève a été co-signé par Jeunes médecins et nous avons d’autres soutiens. Par ailleurs, les internes des autres spécialités sont concernés, dans le projet de loi de financement de la sécurité social, il y a la régulation de l’intérim… Nous avons bien conscience que la coercition envers les internes de médecine générale c’est l’ouverture de la boîte de Pandore et le début de la coercition pour tous les internes de toutes les spécialités. Si cela passe pour eux, cela passera pour tout le monde donc oui nous sommes solidaires entre internes.

Quelles étaient pour vous les réformes prioritaires, avant cette 4e année ?

O.F. : Si je devais commencer par une seule chose ce serait : les agréments de stage et les commissions d’agréments de stage. Aujourd’hui elles ne sont pas remises à jour, dépendantes de la volonté de quelques personnes. Nous sommes face à des personnes qui ne sont pas bienveillantes. S’il y a autant d’internes en dépressions, et même des suicides, cela montre bien que nos chefs ne sont pas des personnes bienveillantes. Quand il y a autant de personnes malveillantes qui décident d’où vous faites votre stage, je donne peu cher des personnes qui feront cette quatrième année de médecine générale. Ce sera, à mon avis, pas qu’incitatif. Les questions sur le temps de travail, la revalorisation des internes, tout ça était plus urgent. Au mois de juillet les salaires des internes n’ont pas été revalorisés alors que tout le monde au sein de l’hôpital l’était. Si ça ce n’est pas une insulte de plus envers les internes ! C’est la goutte de trop ! Depuis le début de l’année nous sommes la dernière roue du carrosse. On croyait avoir connu le pire avec le Covid mais là nous atteignons un stade sans précédent. Et maintenant on nous dit que qu’on va rallonger nos études, sans améliorer les conditions de l’internat. Et bien non en fait !

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