La France a-t-elle manqué le train de l’ARNm ?

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Le Covars (comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) appelle à des investissements massifs dans la recherche pour que la France rattrape son retard dans l’utilisation médicale de l’ARNm.

La France a-t-elle manqué le train de l’ARNm ?

© IStock 

En décembre dernier, le premier vaccin français contre la Covid-19, développé par le laboratoire Sanofi, était enfin disponible. Un vaccin reposant sur la technologie de la protéine recombinante et non pas sur celle de l’ARNm, comme ceux des laboratoires américains Pfizer et Moderna qui ont été massivement utilisés dans le monde. Si la firme française avait un temps envisagé de fabriquer un vaccin à ARNm, elle a finalement renoncé, estimant impossible de rivaliser avec ses concurrents américains sur le marché.

Un échec de l’industrie pharmaceutique française qui montre le retard qu’a pris la recherche dans notre pays sur l’utilisation médicale de l’ARNm. Ce retard, le Covars souhaite à tout prix le combler. Dans un avis publié jeudi 9 février, le remplaçant du Conseil scientifique, dirigé par Brigitte Autran, appelle donc à des « investissements conséquents dans la recherche sur ces vaccins ». « Tous les grands pays s’équipent, la France doit le faire » réclame le Covars.

Une technologie prometteuse…

Au soutien de sa demande, le Covars rappelle le rôle essentiel que les vaccins à ARNm ont joué dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. « L’expérience exceptionnelle acquise sur les vaccins à ARNm durant la pandémie de Covid-19 a montré pour la première fois que cette nouvelle génération de vaccins peut apporter une solution très efficace en temps de crise » écrivent les experts du Covars.

« L’efficacité élevée de ces vaccins à ARNm contre les formes graves et les décès dus au virus SARS-Cov-2 a permis d’épargner des dizaines de milliers de décès en France » rajoutent-ils, bien qu’ils reconnaissent que cette technologie présente des limites et notamment sa perte d’efficacité dans le temps.

Mais le Covars se penche surtout sur les autres perspectives qu’offrent la vaccination à ARNm. Alors que plus en plus d’essais cliniques de vaccins-candidats à ARNm contre diverses pathologies (grippe saisonnière, grippe aviaire, VRS, virus Zika, chikungunya…) sont menés à travers le monde, le Covars estime que cette nouvelle génération de vaccins va, dans les années à venir, « occuper une place importante dans l’arsenal de contre-mesures médicales qu’il est nécessaire de développer face aux risques croissants d’émergence de pathogènes connus comme nouveaux ». Le Covars n’évoque pas cependant les pistes d’élaborations de vaccins à ARNm contre certaines formes de cancer, alors que des essais concernant des vaccins contre le mélanome ont déjà eu des résultats prometteurs.

…mais qui inquiète certains

Le Covars appelle les autorités à prendre exemple sur les Etats-Unis et sur l’Allemagne, pionnier dans ce domaine, qui ont investi respectivement 20 et 5 milliards de dollars dans la recherche sur les vaccins à ARNm ces dernières années. Concrètement, le Covars préconise de « développer un tissu de laboratoires de recherches dans le domaine des vaccins à ARNm, maintenir les systèmes de production de vaccins, faciliter la réalisation d’essais cliniques » et d’adopter une « vision d’ensemble OneHealth » faisant collaborer la médecine humaine et vétérinaire. L’objectif à terme de cette politique est de s’assurer que la France bénéficie d’une « autonomie sanitaire » dans ce domaine et ne soit plus dépendante des laboratoires américains, comme ce fut le cas durant la pandémie de Covid-19.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/les-medecins-ont-une-meconnaissance-de-levolution-de-la-profession-de-veterinaire-pourtant

Mais le Covars n’oublie pas que les vaccins ARNm, par leur caractère nouveau et leur lien avec la génétique, suscitent de nombreuses interrogations. Les experts souhaitent donc que des efforts soient faits pour « améliorer l’acceptabilité sociale des vaccins à ARNm », via un « effort de pédagogie » et une lutte accrue contre « la prolifération de contenus mensongers vis à vis de ces nouveaux vaccins ».

Grégoire Griffard

Par JIM

 

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