Dans son projet de budget présenté la semaine dernière, le gouvernement table sur une réduction spectaculaire du déficit, de 17,8 milliards d'euros cette année à 6,8 milliards l'an prochain.
Mais pour la Cour des comptes, les pertes "pourraient s'établir à un niveau plus élevé que prévu", a déclaré Pierre Moscovici lors d'une conférence de presse, considérant que l'exécutif s'appuie sur "des perspectives trop optimistes", en matière de croissance, mais aussi sur le plan sanitaire.
L'enveloppe d'un milliard d'euros pour les tests et vaccins Covid - soit dix fois moins qu'en 2022 - n'est ainsi "pas robuste", a-t-il souligné, jugeant qu'"il serait raisonnable de provisionner davantage".
Même sur les autres dépenses de santé, la hausse envisagée de 3,7% reste "inférieure à l'inflation", ce qui semble "très volontariste" car "les exercices passés montrent que cet objectif est très difficile à atteindre", a-t-il ajouté.
"Il y a assurément des gisements d'efficience et de maîtrise de dépenses dans la médecine de ville"
Il existe donc selon lui "un risque réel de croissance continue des dépenses sociales, au détriment des générations futures" qui devront rembourser les dettes accumulées.
Pour éviter un dérapage, la Cour formule plusieurs recommandations dans un rapport, qui épargne l'hôpital car "ce n'est pas là que doit porter l'effort", a affirmé Pierre Moscovici.
En revanche, "il y a assurément des gisements d'efficience et de maîtrise de dépenses dans la médecine de ville", a-t-il ajouté, visant explicitement les prochaines négociations entre l'Assurance maladie et les praticiens libéraux.
Le document ne s'appesantit pas non plus sur les retraites, bien que le sujet soit également à l'agenda. Mais la Cour maintient sa position sur le sujet : "Nous savons qu'une réforme est nécessaire" parce que "le système n'est pas soutenable à moyen terme", a rappelé son Premier président.
"Plutôt favorable" à une mesure d'âge qu'à une "baisse relative du niveau des pensions", il a toutefois plaidé pour "une concertation approfondie" et "un calendrier de mise en oeuvre suffisamment desserré pour faciliter l'acceptation" de la réforme.
Avec AFP