« J’ai fini par lui dire d’arrêter. J’avais l’impression d’être dans un porno »

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Un radiologue de Haute-Garonne qui exerçait à Salies-du-Salat est suspecté d’avoir commis plusieurs viols selon le Parisien. L’enquête à l’époque classée est réouverte. Retour sur les plaintes.

« J’ai fini par lui dire d’arrêter. J’avais l’impression d’être dans un porno »

© IStock 

La réouverture de l’enquête fait d’abord suite à la plainte de Julie (le prénom est modifié) victime d’un viol en décembre 2007. À l’époque, alors âgée de 30 ans et enceinte, elle consulte pour une grosseur bénigne sur la cuisse. À la fin de l’examen elle se retrouve après l’échographie, à avoir les doigts du praticien en elle, après qu’il lui ait baissé la culotte. « Je me dis que ce n’est pas normal, mais je n’ai pas le temps de protester. Il fait des allers et retours comme une brute, c’est tellement violent que je crois qu’il va me transpercer, raconte-t-elle. Puis mon cerveau a comme disjoncté. »

Pendant plusieurs années, elle s’est demandée : « Suis-je folle ? Avait-il le droit ? ». Elle finit par être en état d’amnésie traumatique. Le souvenir perdurera sous forme de douleurs psychosomatiques, angoisses sociales, irritabilité… Avant de ressurgir et de la pousser à déposer plainte en juin 2020.

« Dès que j’ai donné le nom du radiologue, les gendarmes m’ont écoutée attentivement. J’ai bien senti que je n’étais pas la première…» explique-t-elle au Parisien

Insidieusement, les questions dérapent sur des choses intimes

Avant elle, une autre femme a déposé plainte, les faits sont identiques : viol par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction. À l’époque, la victime consulte pour des douleurs pelviennes. Insidieusement, les questions dérapent sur des choses intimes et, au moment d’introduire la sonde, par deux fois, l’homme lui caresse le clitoris. Puis, sous couvert d’approfondir l’examen, elle se retrouve sur le ventre, la main du médecin plaquée sur ses omoplates, ses doigts fourrageant en elle.
« J’ai fini par lui dire d’arrêter. J’avais l’impression d’être dans un porno », décrit-elle au Parisien

Son compte rendu d’examen, pas plus que celui de Julie, ne mentionne un quelconque touché vaginal, examen que l’intéressé, lors des confrontations, niera vivement avoir pratiqué.

Une centaine d’autres patientes ont été contactées, les témoignages sont tous aussi choquants. Comme par exemple celui de Mélanie ( prénom modifié ), en juin 2019, lors d’une échographie du pouce, le docteur L. l’a saisie par la taille pour l’allonger sur le fauteuil. « Déjà, ça, ça n’allait pas. Puis, pendant l’examen, il a appuyé son coude au niveau de mon sexe en faisant des mouvements circulaires », détaille-t-elle.

« C’est incompréhensible de consulter des experts médicaux pour, au final, passer outre leur avis »

Le médecin encourt 20 ans de prison pour ces agressions. « C’est incompréhensible de consulter des experts médicaux pour, au final, passer outre leur avis », réagit Me Anne-Claire Le Jeune, l’avocate de Julie.

Elle a donc déposé une nouvelle plainte, cette fois avec constitution de partie civile, afin d’obtenir la nomination d’un juge d’instruction. « L’enquête pourrait être élargie au reste de sa patientèle. Et ce d’autant qu’une autre plainte pour viol, déposée quelques mois plus tôt, n’a même pas été jointe au dossier… »
Le Parisien a contacté son avocat, Me François Abadie, qui n’a pas donné suite à leurs sollicitations

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