IVG : Women on Waves brave les tempêtes

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Dr Rebecca Gomperts, gynéco en mer

IVG : Women on  Waves brave les tempêtes

Women on Waves est une ONG néerlandaise qui pratique des IVG médicamenteuses sur un bateau, dans les eaux internationales. Objectif : rendre l’avortement accessible pour des femmes résidant dans des pays aux législations restrictives. What’s up Doc a rencontré la directrice de l’asso, le Dr Rebecca Gomperts.

What’s up Doc. Comment en êtes-vous venue à fonder Women on Waves ?

Rebecca Gomperts. J’ai un temps navigué en tant que médecin pour Greenpeace… et j’ai compris que beaucoup de choses devenaient possibles lorsqu’on a un bateau et que l’on peut accéder aux eaux internationales.

WUD. Combien d’avortements avez-vous réalisés en mer depuis les débuts de l’association en 1999 ?

RG. Le nombre d’avortements réellement effectués dans les eaux internationales est symbolique, il tourne autour de dix ou quinze. Notre bateau nous sert surtout à communiquer, car il y a en réalité bien des manières d’aider les femmes : nous leur donnons des conseils via une plateforme sur Skype en 17 langues, nous leur envoyons les médicaments par courrier… Mais dans de nombreux pays, les femmes ont avant tout besoin d’information : les médicaments sont disponibles, seulement personne ne le sait !

WUD. Comment est-ce possible ?

RG. L’avortement médicamenteux est normalement réalisé à l’aide d’une combinaison de mifepristone et misoprostol. Mais l’avortement sous misoprostol seul est également possible, quoiqu’un peu moins efficace. Or cette molécule est un antiulcéreux autorisé et disponible dans le monde entier. Nous aidons donc les femmes qui en ont besoin à se la procurer, et à la prendre en toute sécurité, notamment en s’assurant qu’elles se trouvent à moins d’une heure d’une structure médicale.

WUD. Comment les autorités réagissent-elles lorsque vous arrivez sur leur territoire ?

RG. C’est souvent tendu. Au Portugal, nous n’avons pas été autorisés à entrer dans les eaux territoriales, ils ont envoyé un navire de guerre à notre rencontre. Cela a été difficile également au Guatemala, en Pologne… Au Maroc, nous avons été expulsés sans autre forme de procès.

WUD. En même temps, les médecins sont censés respecter la loi. Cela ne vous pose-t-il pas de problèmes déontologiques ?

RG. Mais nous respectons la loi ! L’avortement est loin d’être le seul domaine dans lequel on pratique des prescriptions hors AMM. Nous agissons dans les interstices de la réglementation, parfois en la tordant un petit peu.. Et pour être honnête, je pense que la désobéissance est parfois nécessaire, y compris pour les médecins. J’ai une immense admiration pour ceux qui pratiquent l’avortement dans des pays comme le Nicaragua, par exemple : ceux-là risquent la prison !

 

Source:

Adrien Renaud

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