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Ciné week-end : Night Call, de Dan Gilroy (sortie le 26/11/2014)

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Coup de tonnerre de cette fin d'année, Night Call vaut bien mieux que son affiche racoleuse qui nous vend du Drive alors que ces deux films ont si peu en commun - si ce n'est une fascination pour le Los Angeles nocturne.
Le film est fascinant en tout point. Terriblement actuel et ultra-référencé, profond et divertissant, premier degré et cynique... géniale oxymore de nos temps modernes.

Nous embarquons dès les premières minutes dans la vieille guimbarde de Lou, un loser pathétique mais visiblement prêt à tout, qui va se découvrir par opportunisme une passion pour le journalisme à sensations, tendance sordide. Lou, c'est Jake Gyllenhaal, dont la prestation hallucinante vaut à elle seule le déplacement. Il habite littéralement ce personnage de vampire 2.0 drogué au scoop trash. Il véhicule admirablement sa froideur abyssale et sa folie grâce à un travail sur le corps, le regard et le phrasé que très peu avant lui avaient aussi bien accompli. On est dans la performance d'acteur, et celle-ci sert parfaitement son sujet.

C'est tout le talent du film que d'associer deux descriptions tout aussi passionnantes l'une que l'autre: celle d'un parasite psychique dont la bizarrerie transcende la psychopathie classique (et fort bien retranscrite au demeurant); et celle d'une société aux repères et aux limites de plus en plus incertains, ouverte à la surenchère et à l'addiction généralisée. En effet, semble nous suggérer le réalisateur, qui d'autre qu'un psychopathe débarrassé de toute empathie et de tout sens moral pourrait réussir dans une société qui abandonne à ce point l'abstraction du raisonnement et de la logique au profit de l'immédiateté du voyeurisme et de la sensation ? Car contrairement à ce qu'on pourrait penser Lou est tout sauf addict à son métier : déterminé, mégalomane, dans le contrôle permanent, il va se servir des failles d'un monde qui le méprise et ne veut pas de lui pour le forcer à s'adapter à lui. Le basculement de sa relation avec une directrice d'info apparemment puissante mais décrite finalement comme une vieille toxicomane qui court après sa came - géniale Rene Russo, qu'on croyait morte, du moins artistiquement -en est la métaphore saisissante.

MaGYstrHAALL!

Source:

Guillaume de la Chapelle

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