Infirmière poignardée : combien faudra-t-il de morts pour avoir plus de moyens ?

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Poignardée par un patient au centre hospitalier nord Deux-Sèvres, une infirmière de 30 ans n'a pas survécu à ses blessures. Un nouveau drame qui pose évidemment la question du manque de moyens pour l’hôpital public et la psychiatrie…

Infirmière poignardée : combien faudra-t-il de morts pour avoir plus de moyens ?

Le drame s’est produit ce jeudi 13 février, dans l'enceinte du site de Thouars du centre hospitalier nord Deux-Sèvres. Un patient âgé de 20 ans, hospitalisé pour des troubles du comportement, a agressé avec un couteau une infirmière de 30 ans qui n'a pas survécu à ses blessures, rapporte France Bleu.
 
Et d’ajouter que l'infirmière a été frappée par au moins un coup au thorax, avant que le patient soit maîtrisé par des soignants et interpellé par la police qui l’a mis en garde à vue dans les locaux du SRPJ.
 
Pour l’un des collègues de la victime, « ce genre de tentative de fuite arrive régulièrement, mais il était impossible de prévoir que ce patient serait armé d’un couteau », a-t-il expliqué au Monde, avant d’ajouter que « cela met en lumière le manque de moyens de l’hôpital en général et de la psychiatrie en particulier ».
 
« Les effectifs minimum ne sont plus sécuritaires », a estimé de son côté le collectif Inter-Hôpitaux qui a relayé sur Twitter la minute de silence en hommage à l’infirmière, observée durant la manifestation parisienne de ce 14 février pour sauver l’hôpital public.

Une minute de silence sera faite pendant la manifestation parisienne en hommage à l’infirmière tuée hier.
Les effectifs minimum ne sont plus sécuritaires ! https://t.co/Q8pDNQSwt2

— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) February 14, 2020

 « On attend combien de mort de chaque côté pour redonner des moyens décents à la psy et à l’hôpital en général ? », a twitté de son côté le Dr Gérald Kierzek.

Une infirmière, 30 ans, mortellement poignardée par un patient en unité psy. On attend combien de mort de chaque côté pour redonner des moyens décents à la psy et à l’hôpital en général? https://t.co/w73aMaSjOe

— Dr Gérald KIERZEK (@gkierzek) February 14, 2020

Quant à SOS Psychophobie, le collectif féministe de personnes psychiatrisées non-mixte en lutte contre la psychophobie et les oppressions systémiques, il espère « que ce ne sera pas le prétexte à des agissements et lois sécuritaires de plus en psychiatrie ». Et d'ajouter : « Un personnel en nombre suffisant, ce n'est évidemment pas un agissement sécuritaire. »

Nous exprimons toutes nos condoléances aux proches de l'infirmière tuée hier dans le cadre de son travail.

Nous espérons que ce ne sera pas le prétexte à des agissements et lois sécuritaires de plus en psychiatrie.

— SOS Psychophobie (@SOSPsychophobie) February 14, 2020

Quant à la ministre de la Santé, elle a adressé sur Twitter ses pensées à la famille de l'infirmière décédée, ainsi qu'à ses proches, mais aussi son soutien à ses collègues et au personnel de l'établissement de Thouars.

J'adresse mes pensées à la famille de l'infirmière décédée, ainsi qu'à ses proches. Mon soutien va à ses collègues, au personnel de l'établissement de Thouars. J'ai demandé au Délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, Franck Bellivier, de se rendre sur place.

— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) February 14, 2020

Une déclaration qui a suscité l’indignation du médecin Sabrina Ali Benali : « Quand il s’agissait de mentir sur la fausse attaque de la Pitié Salpetrière, il n’a pas fallu 24 h pour s’y rendre avec tout l’équipe de com’ mais dans le cas d’une collègue abattue, un pov‘ tweet et un délégué envoyé. Honte de notre ministre de tutelle ».

Ahhh....Quand il s’agissait de mentir sur la fausse attaque de la Pitié Salpetriere, il n’a pas fallu 24 h pour y s’y rendre avec tout l’équipe de com’ mais dans le cas d’une collègue abattue, un pov‘ tweet et un délégué envoyé .
Honte de notre ministre de tutelle https://t.co/opnAg7Esoo

— Sabrina AliBenali (@DrSabrinaaurora) February 14, 2020

Enfin, le Pr Laurent Thines, réputé pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, s’est adressé directement à Agnès Buzyn de la manière suivante : « Donner des moyens décents pour une vraie prise en charge de qualité de la maladie mentale en France serait peut-être plus approprié, que des belles paroles, madame. Combien de malades psy sont en prison au lieu d’être soignés ? Les soignants en ont vraiment assez. »

Donner des moyens décents pour une vraie prise en charge de qualité de la maladie mentale en France serait peut être plus approprié, que des belles paroles,madame.

Combien de malades psy sont en prison au lieu d’être soignés ?

Les soignants en ont vraiment assez.

— Pr. Laurent Thines (@LaurentThines) February 14, 2020

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