Le gouvernement ne s’est donc pas dégonflé. Le 10 juillet, le ministère de la Santé a annoncé officiellement le déremboursement des spécialités homéopathiques, jusqu’ici subventionnées à titre dérogatoire à hauteur de 30 %. À titre dérogatoire, car les laboratoires n’avaient jamais pu prouver leur efficacité. Mais ça, vous le saviez déjà.
À la suite de la tribune des No Fakemed en mars 2018, et répondant à la polémique grandissant dans la communauté médicale et ailleurs, Agnès Buzyn avait annoncé le lancement d’une évaluation des spécialités homéopathiques par la Haute autorité de santé (HAS). Elle avait assuré que la décision d’un éventuel déremboursement suivrait les résultats de cette enquête.
Chose promise, chose due
La commission de la transparence de la HAS s’appuyant sur les publications scientifiques pour étayer son avis, l’homéopathie n’avait aucune chance, n’étant soutenue par aucune étude solide. Encore fallait-il que la ministre assume sa décision face à la pression des laboratoires et celle de la population française et des adeptes de l’homéopathie. Elle a respecté sa promesse.
« À partir de l’ensemble des données médicales et scientifiques disponibles, elle a mis en évidence que ces médicaments n’avaient ni démontré leur efficacité dans les affections pour lesquels des données sont disponibles, ni démontré leur intérêt pour la santé publique notamment pour réduire la consommation d’autres médicaments », justifie le ministère dans un communiqué. « L’évaluation scientifique de la Haute Autorité de Santé a donc conclu que l’intérêt clinique de ces produits était insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale ». Game over.
Agnès Buzyn fait son miel
Petit bémol : le remboursement ne sera pas immédiat. Le gouvernement accorde un petit sursis aux labos et aux homéopathophiles : le déremboursement total ne sera effectif qu’au 1er janvier 2021. Il impose donc une étape au 1er janvier 2020, avec un remboursement diminué à 15 % pour un an. Le temps de laisser « aux patients, aux prescripteurs et industriels concernés de s’adapter progressivement ».
Un petit compromis qui n’a pas suffi à apaiser les pro-homéopathie. Brandissant un million d’adeptes et promettant un effondrement économique et du chômage de masse en cas de déremboursement – et peut-être même des inondations massives et des feux de forêts –, ils continuent, avec le soutien des labos, de s’indigner de la décision prise par la ministre.
#Homéopathie - @DanielSCIMECA à @PascaledeLaTour : "Nous prenons date par rapport aux finances publiques - ça va être une catastrophe - et par rapport aux effets secondaires, effets induits pour les gens qui se soignent à l'homéopathie".
#LaMatinaleLCI @LCI #La26. pic.twitter.com/W5WZBVXAfD
— La Matinale LCI (@LaMatinaleLCI) 10 juillet 2019
Le collectif Fakemed critique ce délai accordé, mais se réjouit néanmoins de la décision.
L'annonce du déremboursement est bien entendu une "bonne nouvelle"
Mais si le gouvernement souhaite dépenser 260 millions soit près de 200.000 euros par employé, il aura de grandes difficultés à nous faire accepter un plan de rigueur par la suite.
— FakeMed (@fakemedecine) 9 juillet 2019
De son côté, Michèle Rivasi, députée européenne EELV, grande adepte des granules, poursuit le drama sur Twitter et ailleurs.
#homeopathie Le Pdt #Macron approuve le deremboursement total à horizon 2021 de cette médecine complémentaire et ce malgré le million de citoyens pétitionnaires. Voici revenu le temps de l’inquisition, de l’uniformisation.Cela va entraîner le retour des guérisseurs sans formation
— Michèle Rivasi (@MicheleRivasi) 9 juillet 2019
Dernière interrogation : l'Ordre des médecins fera-t-il disparaître la mention "homéopathe" des plaques des praticiens ?