Heurtée par la grâce

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Ciné week-end : Marie Heurtin, de Jean-Pierre Améris (sorti le 12/11/2014)

Heurtée par la grâce

"Marie Heurtin" n'est pas sans défaut, mais c'est un film humble qu'on a envie d'aimer sans réserve, tant il est vibrant d'humanité, tant il gagne en intensité et en profondeur jusqu'à la dernière séquence, tout en conservant une clarté et une cohérence dans le propos.

Il ne s'agit pas uniquement d'un film mystique, comme le lumineux "Thérèse" d'Alain Cavalier. Mais avant tout d'un grand film sur l'apprentissage. Ou comment, partant de rien ou presque - un effleurement entre deux êtres, dont l'un pressent l'humanité de l'autre - la jeune Marie acquerra grâce à soeur Marguerite, littéralement heurtée par la grâce, le langage et progressivement jusqu'à la conscience la plus aiguë de ce qui fonde toute vie humaine, c'est-à-dire le lien à l'Autre.
Le scénario, limpide, explore avec beaucoup de finesse les différentes étapes de cet apprentissage: l'apprivoisement et la confiance, la communication, la curiosité, l'affection et l'amour, la peur de l'indépendance, l'acceptation de la séparation, et enfin le maintien du lien au-delà de celle-ci, grâce au souvenir.

Les dernières minutes, en plus de nous clouer d'émotion à notre fauteuil, offrent un renversement de situation : c'est l'élève, jouée par la lumineuse Ariana Rivoire, qui finalement apprendra l'essentiel à son éducatrice. 
Jean-Pierre Améris raconte magnifiquement ce processus psychique et spirituel, aidé par une Isabelle Carré en apesanteur. La voir diminuer physiquement et grandir spirituellement est un bonheur de cinéphile.
Courez voir ce film qui, à l'heure où seront publiées ces quelques lignes, aura hélas disparu de beaucoup trop de salles...

Source:

Guillaume de la Chapelle

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