Fermeture de maternités : des médecins signent un texte intrépide

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Un collège de médecins impliqués dans la périnatalité signe un texte défendant la fermeture des maternités de proximité, lorsque la sécurité des parturientes n’y est pas assurée. Quitte à se mettre des élus et une partie de l’opinion publique à dos.

Fermeture de maternités : des médecins signent un texte intrépide

Les signataires d’une tribune publiée dans Le Parisien-Aujourd’hui en France ne font pas dans la démagogie. Syndicats, confédérations, conseils nationaux et associations de pédiatres, d’anesthésistes-réanimateurs, de gynécos, d’urgentistes ou encore de médecins généralistes (1) se sont associés pour rappeler le danger que peuvent représenter les maternités de proximité lorsque leur offre en matière de ressources matérielles et humaines est insuffisante. « La proximité n’est pas gage de sécurité », lancent-ils, tel un pavé dans la mare de l’opinion publique.

« On voit se multiplier les communiqués d’associations, de collectifs et d’élus locaux dénonçant la fermeture des petites maternités. Leur inquiétude quant à l’égalité d’accès aux services publics sur tout le territoire est légitime », introduisent les rédacteurs de la tribune. « Mais en tant que représentants des médecins en charge des maternités, nous sommes inquiets du maintien de certaines maternités mettant en danger la vie des femmes et des nouveau-nés ».

Pédago plutôt que démago

Face aux Français inquiets de voir disparaître les maternités de proximité au profit de plateaux techniques plus fournis, mais parfois à près d’une heure de route, les médecins se veulent fermes. « La question qui doit prévaloir est la capacité de la maternité d’offrir une organisation vingt-quatre heures sur vingt-quatre répondant aux critères de qualité-sécurité de la Haute Autorité de santé », précisent-t-ils.

Ces critères ne sont pas toujours respectés. « Le seuil minimal de ressources humaines recommandé pour assurer la sécurité et la qualité des activités non programmées en gynécologie-obstétrique n’est pas mis en place partout, notamment du fait d’une démographie médicale défavorable ».

Appel aux ARS

Les médecins expliquent, et les médecins sont fermes. « Ne pas accepter les restructurations, c’est passer sous silence l’assouplissement de critères de sécurité où des maternités fonctionnent parfois sans pédiatre de garde, la baisse de niveau de qualification des acteurs, la multiplication des contrats intérimaires aux coûts onéreux qui, malgré leur aide, ne peuvent remplacer une équipe multidisciplinaire stable ». Fermes envers les patients et leurs craintes, et avec une petite pique pour les autorités sanitaires, notamment les ARS.

« Nous déplorons que trop souvent le projet retenu par l’agence régionale de santé soit le reflet de l’avis politique et non des soignants », expliquent ainsi les signataires. « La solution réside dans la réunion des acteurs territoriaux pour constituer un projet associant les centres hospitaliers, cliniques, maternités, centres périnataux de proximité, médecins généralistes, spécialistes et sages-femmes ».

Cette restructuration nécessaire doit aussi passer par des innovations dans la prise en charge. Les médecins citent par exemple le transport par hélicoptère, ou un « hébergement temporaire à proximité des maternités »« L’évolution est nécessaire pour la sécurité des patientes, et nous comprenons leur crainte qu’il convient d’apaiser dans une discussion ouverte et objective. Refusons la démagogie et construisons l’avenir avec les patients, les soignants, et les élus responsables », concluent-ils. Bon courage !

(1) Christian-Michel Arnaud, Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs, François Braun, Samu-Urgences de France, Xavier Capdevila, Société française d’anesthésie et de réanimation, Denis Cazaban, Syndicat des médecins anesthésistes-réanimateurs non universitaires, Olivier Claris, chef de service de néonatologie et de réanimation néonatale au CHU de Lyon, Thierry Debillon, Société française de médecine périnatale, Jeremy Do Cao, Association des juniors en pédiatrie, Bertrand de Rochambeau, Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France, Laurent Heyer, Conseil national professionnel d’anesthésie-réanimation, Pascale Le Pors, Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France, Emmanuel Loeb, Jeunes médecins, Israël Nisand, Collège national des gynécologues et obstétriciens français, Renaud Péquignot, Avenir hospitalier, Benoît Plaud, Collège national des enseignants d’anesthésie-réanimation, Jean-Christophe Rozé, professeur de pédiatrie à l’université de Nantes, Élie Saliba, Société française de néonatologie, Gabriel Saiydoun, Conseil national des jeunes chirurgiens, Michèle Scheffler, Conseil national professionnel de gynécologie et obstétrique, Jacques Trévidic, Confédération des praticiens des hôpitaux et d’Action praticiens hôpital, Franck Verdonk, Syndicat des jeunes anesthésistes-réanimateurs, Anne Wernet, Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs

 

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