Doc en papier : Faust, médecin de tous les diables

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Cet été, on manque de médecins, et vous ne voulez pas abandonner vos confrères… Pas de panique, WUD a la solution ! Pour rester en compagnie médicale, même sur la plage avec un bon bouquin, nous vous présentons quelques docteurs piochés dans les classiques de la littérature. Aujourd’hui, le Faust de Goethe.

Doc en papier : Faust, médecin de tous les diables

Faust… Plus qu’un héros romanesque, un mythe ! Figurez-vous un grand érudit, tantôt présenté comme un médecin, tantôt comme un alchimiste, tantôt comme un philosophe, souvent comme un mélange de tout cela… Désespéré par la vanité de sa quête de savoir, il conclue un pacte avec le diable. Il poursuit alors les plaisirs… jusqu’à ce que celui à qui il a vendu son âme vienne réclamer son dû. Cette légende circulant depuis le XVe siècle a fait l’objet de nombreuses adaptations, dont celle de l’Anglais Christopher Marlowe (La Tragique Histoire du docteur Faust, 1589), celle de l’Allemand Thomas Mann (Le Docteur Faustus, 1947)… Mais aucune n’a eu plus de retentissement que les deux pièces de théâtre publiées par Goethe, en 1808 puis en 1832.

De ces deux œuvres du prince du romantisme allemand, c’est surtout la première qui est passée à la postérité. Guidé par le diabolique Méphistophélès, le pauvre savant se met à pourchasser l’amour plutôt que la connaissance, tout cela pour finir par tuer le frère de sa bien-aimée, abandonner celle-ci à son triste sort de fille-mère, s’en repentir et la voir, du fond de son cachot d’où il se propose de la délivrer, préférer la mort plutôt que la vie avec lui et son sulfureux compagnon. Cette version du mythe s’est depuis imposée aux artistes qui ont voulu par la suite le traiter : de la littérature (Boulgakov, Mann…) au cinéma (Méliès, Clair…) en passant par l’opéra (Berlioz, Gounod…), impossible d’échapper à l’influence de Goethe.

Un médecin bien malheureux

Des multiples facettes de la pièce, il serait exagéré de dire que celle qui concerne la médecine tient une place prépondérante… Mais elle y est indéniablement présente, quoique pas sous son meilleur jour. Dès les premiers mots de la première tirade de Faust, le ton est donné. « Philosophie, hélas ! jurisprudence, médecine, et toi aussi, triste théologie, se lamente le héros. Je vous ai donc étudiées avec ardeur et patience : et maintenant me voici là, pauvre fou, tout aussi sage que devant. » Un peu plus loin, alors qu’il se promène avec son ami Wagner et qu’il reçoit l’éloge de paysans se souvenant des soins qu’il leur a prodigués avec son père, le pauvre Faust n’est qu’amertume. « Nous avons fait dans ces montagnes et ces vallées plus de ravages que l’épidémie, confesse-t-il. J’ai moi-même offert le poison à des milliers d’hommes. Ils sont morts, et moi, je survis, hardi meurtrier, pour qu’on m’adresse des éloges. »

Mais dans l’œuvre de Goethe, la vision la plus terrible de l’art d’Hippocrate est sans conteste celle de Méphistophélès. « L’esprit de la médecine est facile à saisir, déclare le Malin à un écolier de passage. Vous étudiez bien le grand et le petit monde, pour les laisser aller à la grâce de Dieu. C’est en vain que vous vous élanceriez après la science, chacun n’apprend que ce qu’il peut apprendre. Mais celui qui sait profiter du moment, c’est là l’homme avisé. » Une belle leçon de charlatanisme, en somme… Heureusement que tout cela n’est que fiction, et que jamais au grand jamais, un médecin n’a pu se laisser tenter par un quelconque pacte faustien !

 

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