Direction clinique privée ! Dr Nicolas Caumon : « Si je ne suis pas avant-gardiste, les patients partent »

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Pour certains, exercer en libéral est une évidence. Nicolas Caumon, chirurgien orthopédique à l'Hôpital privé Saint-François, dans l'Allier, fait partie de ces jeunes médecins qui ont aussi une fibre de chef d'entreprise.

 

Direction clinique privée ! Dr Nicolas Caumon : « Si je ne suis pas avant-gardiste, les patients partent »

Un jour de 2017, le Dr Nicolas Caumon reçoit une proposition : on lui propose de rejoindre l'Hôpital privé Saint-François, du groupe Elsan, près de Montluçon. Là-bas, il pourra y développer un nouveau pôle de chirurgie orthopédique comme il l'entend. Hésitation. Pour lui, cela signifie lâcher son activité à Moulins, dans une autre clinique privée où il officie depuis 2012. Hésitation, mais le challenge est tentant. Les discussions vont durer deux ans. Et puis banco. Il accepte. Début 2020, le jeune chirurgien fait ses valises et rejoint Montluçon, à 70 kilomètres de là.

« Ça tournait bien à Moulins, mais j'étais arrivé comme le petit jeune de l'équipe. Je m'étais assis et je n'avais pas eu grand-chose à faire, je n'ai pas pu apporter ma patte dans la structure », se souvient-il. Il ne s’en cache pas : il a en lui une forte fibre d'entrepreneur, des ambitions médicales et professionnelles claires. Il savait qu'un jour ou l'autre, il faudrait qu'elles s'expriment. « Quand on m'a proposé de rejoindre une autre clinique pour devenir le leader de la chirurgie orthopédique, ça m'a forcément donné envie », reconnaît-il. Pour autant, changer d'établissement après sept ans d'activité solide n'est jamais une décision facile à prendre : « Vous savez ce que vous perdez mais pas ce que vous allez gagner... » Il a conscience qu'il lui faudra tout développer, mais aussi reconstituer une patientèle, même si Moulins et Montluçon sont proches. Il comprend toutefois qu'il va pouvoir compter sur l'appui de la direction de sa nouvelle clinique. « J'ai été très bien accompagné pour que mon installation se passe en douceur ».

Trois mois après son arrivée à Montluçon, le chirurgien orthopédique qui restait de l'ancienne équipe s'en va et Nicolas Caumon se retrouve seul maître à bord, c'était prévu. Il commence alors ce qu'il voulait entreprendre depuis toujours : bâtir un pôle à sa façon, et d'abord une équipe. « Je me suis lancé dans une dynamique de recrutement, j'ai recontacté mes connaissances à Clermont-Ferrand et j'ai trouvé un jeune chirurgien qui m'a rejoint », raconte-t-il. Un autre devrait suivre d'ici un an. « Nous allons former l'une des équipes les plus jeunes de la région », se réjouit aujourd'hui le quadra.

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« Carte blanche » de la part de la direction

En parallèle, le Dr Caumon commence à déployer sa vision médicale. « J'avais à cœur de développer une forte activité en misant sur le qualitatif », explique-t-il. Chirurgie moderne, soins dynamisés : il a pour mission de mettre fin à la fuite de patients de chirurgie orthopédique vers les grandes agglomérations alentours. La direction et le groupe Elsan lui donnent carte blanche ou presque pour y parvenir. « Nous avons budgétisé ensemble l'activité et la direction a donné son feu vert pour de lourds investissements matériels et techniques, comme des colonnes d'arthroscopie de dernière génération, de la vidéo ou encore des atèles de cryothérapie, dévoile-t-il. J'ai découvert une vraie force de frappe d'investissement pour développer une chirurgie d'avenir ». Un robot chirurgical dernier cri doit également faire son arrivée au bloc prochainement. Pour le chirurgien, il s'agit presque d'une obligation : « Si je ne suis pas avant-gardiste dans ma pratique, les patients vont partir vers de grandes agglomérations comme Clermont-Ferrand ».

L'accompagnement de la direction ne s'est pas limité à un investissement matériel. « J'ai été très soutenu et aidé en matière de communication également, mais aussi d'achats de matériel et même d'aides pour le loyer », détaille-t-il. C'est la direction qui l'aidera par exemple à trouver une secrétaire et meublera les bureaux de consultation avant son arrivée. « Ce sont des petits détails, mais quand vous débarquez et que votre bureau est prêt, ça compte ». De son côté, le Dr Caumon s'est attelé à créer une nouvelle identité à son service de chirurgie orthopédique, un site internet et une présence sur le web, tout en dégageant du temps pour aller à la rencontre d'un maximum de médecins traitants des environs. Comme un chef d'entreprise en somme. Tout ce qu'il aime aussi : être un « touche-à-tout ».

Et ça marche. Son activité explose, jusqu'à atteindre aujourd'hui 10 à 15 interventions par jour. Un début plus que prometteur. « Je suis arrivé il y a un an et je suis déjà en train de regarder des plans pour un futur bâtiment ! », lâche le chirurgien orthopédique. Avec la clinique, il a déjà négocié la construction à venir d'un bâtiment de consultation tout neuf, sur un terrain libre dans l'enceinte de l'établissement. Un excellent placement pour l'avenir, « surtout quand on sait que la patientèle ne se rachète plus vraiment comme autrefois ».

 

Exercice libéral et idées reçues : les petits conseils de Nicolas Caumon

Après bientôt dix ans de libéral en clinique privée au compteur, Nicolas Caumon porte un regard positif et rassurant sur ce type d'exercice. Doit-on redouter le risque médico-légal quand on passe du public au privé ? « Un faux problème », balaie-t-il d'un revers de bistouri. « Nous avons les mêmes responsabilités et nous sommes aujourd'hui extrêmement bien soutenus par nos assureurs ». La crainte de se couper du réseau universitaire ou de ce qui se fait de mieux en matière d'innovations ? Une autre idée reçue selon lui : « Les meilleures formations que j'ai suivies étaient privées. Je me suis formé à Berlin, Munich ou Amsterdam. Il s'agit de formations financées par des laboratoires, certes, mais d'une très grande qualité ». Travailler dans le privé ne l'a jamais empêché non plus de tisser des liens avec les CHU. « J'ai gardé mes contacts à Clermont-Ferrand et il m'arrive encore de les appeler pour discuter des cas compliqués », confie-t-il.

 

Un autre regard sur l’exercice libéral, en collaboration avec le groupe Elsan

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