« On devrait créer une nouvelle spécialité : médecin de Santé-environnement, c’est nécessaire »

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Il serait nécessaire de revoir la maquette de formation des médecins afin d’y intégrer une composante « One health » et santé environnementale. C’est l’une des conclusions du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) après 15 années de Plan National de Santé et Environnement (PNSE).

« On devrait créer une nouvelle spécialité : médecin de Santé-environnement, c’est nécessaire »

Francelyne Marano lors de la conférence au ministère donne les conclusions du PNSE. 

Le Haut conseil de la santé publique estime au regard des quinze années de politiques publiques en santé environnements que la création d’unité d’enseignement en santé environnemental et même d’une spécialité est un enjeu primordial pour la santé de demain. Il est nécessaire que « les étudiants aient dans leurs premières années d’études des unités de formation en santé environnemental. Actuellement elles sont présentes mais pas obligatoires. » relate Francelyne Marano Professeur à Paris Cité, ex-présidente de la commission spécialisée risques liés à l’environnement (CSRE) et ancienne membre du Comité de la prévention et de la précaution.  

« Nous demandons aussi qu’il y ait une spécialité santé-environnement que pourrait avoir des généralistes par exemple. » renchérit-elle.

Cette spécialité garantirait une approche « One Health » devenue centrale pour garantir la santé de tous.

En effet les médecins et le personnel soignant sont des acteurs précieux dans la prévention. « Les médecins peuvent avoir un rôle extrêmement important auprès des jeunes publics et des futurs parents. Nous nous sommes rendu compte que les mélanges de produit chimique dans notre environnement ont un impact sur la femme enceinte et sur les jeunes enfants. Les médecins peuvent porter des messages de prévention, primaire. » explique Francelyne Marano.

À  l’heure actuelle peu de médecins sont au fait des recommandations et des études récentes sur le sujet

Une fois de plus, « l’information devrait passer par les généralistes, les pédiatres, le personnel autour de la petite enfance et les sages femmes. » reprend-elle. Or à l’heure actuelle peu de médecins sont au fait des recommandations et des études récentes sur le sujet. « À travers l’évaluation que nous avons pu faire, les généralistes sont en général très peu au courant de tout cela. » souligne cette dernière.

En effet les différents PNSE montrent que les médecins vont devoir faire face à une recrudescence de certaines maladies comme « les carcinomes et mélanomes, en augmentation et directement liés à l’exposition aux UV. » reprend-elle.

Les perturbateurs endocriniens, provoquent de l’endométriose, des pubertés précoces, des règles douloureuses. L’imprégnation des enfants par le cadmium, très présent dans les céréales, touche aussi les jeunes générations. Sans oublier les cas de dengues devenues autochtones maintenant. Tous ces éléments montrent l’ampleur et la nécessité « de l’approche One Health » souligne Daniel Bley.

La pollution de l’air est maintenant au premier plan des préoccupations environnementales de la population. « Elle est la plus étudiée » rappel Daniel Bley, directeur de recherche au CNRS. En effet, il y a une corrélation entre le niveau de pollution et les indicateurs d’impacts respiratoires et cardiovasculaires. Elle développe le diabète et les maladies neurodégénératives. Néanmoins, nous notons « une baisse régulière depuis 2006 des concentrations moyennes annuelles des polluants réglementés tel que le dioxyde de Soufre, d’azote … » explique Didier Lepelletier, président du HCSP.

Autre constat l’augmentation de la proportion de personne concernées par les allergies est passée de 2-3 % en 1980 à 25 % en 2020. Cela s’explique selon « les saisons polliniques qui sont plus abondantes et plus denses et peuvent véhiculer des particules comme des métaux ce qui explique l’augmentation du nombre de personnes allergiques » renchérie Daniel Bley

Par ailleurs l’état actuel des recherches sur l’impact de la téléphonie mobile, des écrans et l’exposition aux nanomatériaux ne permet pas encore de tirer de conclusions mais ce n’est qu’une question de temps.

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