« Des médecins qui travaillent plus de 55 heures par semaine, cela ne va plus exister. Les médecins d’aujourd’hui veulent avoir une vie de famille, voir grandir leurs enfants »

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Au cœur de la manifestation des libéraux hier, initiée par le groupe Médecins pour demain, Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la FMF (Fédération des médecins de France) est venu soutenir les jeunes. Avec ses 50 années d’exercice, il partage sa vision.

« Des médecins qui travaillent plus de 55 heures par semaine, cela ne va plus exister. Les médecins d’aujourd’hui veulent avoir une vie de famille, voir grandir leurs enfants »

Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la FMF, a décidé de soutenir le mouvement Médecins pour demain

What’s up doc : Pourquoi êtes-vous présent aujourd’hui ?

Jean-Paul Hamon :  Je suis là pour soutenir les jeunes médecins du mouvement Médecins pour demain qui sont désespérés de ne pas travailler dans des conditions correctes pour accueillir les patients, avec du personnel, avec des locaux corrects. 

On voit leur désarroi de ne pas savoir quel type de médecine ils vont exercer, tant le démantèlement de la médecine est en cours. Vous avez des cabines de téléconsultations dans les Monoprix, des plateformes de téléconsultations qui prospèrent sans aucune régulation par les gouvernements. Moi qui ai 50 ans d’exercice maintenant, je suis là pour les soutenir !  

« Il faut que le gouvernement comprenne la nécessité pour ces gens-là de respecter leur vie de famille et faire en sorte qu’en travaillant 40 heures par semaine avec les responsabilités qu’ils ont, ils aient suffisamment d’argent pour embaucher du personnel. »

50 ans d’exercice, vous avez du recul sur la situation, pensez-vous que la revalorisation à 50 euros est la solution ?

JP H. : Cette revendication interroge les gens sur qui la réclame. Je trouve que c’est un bon produit d’appel. Car nous savons que la consultation est autour de 33 euros avec les forfaits. Ici, ils demandent justement une revalorisation de l’acte. Des médecins, comme moi qui travaillais 55-58 heures par semaine, cela ne va plus exister. Les médecins d’aujourd’hui veulent avoir une vie de famille, veulent voir grandir leurs enfants, ils ne travaillent pas le mercredi après-midi, ni le samedi après-midi, certains soirs ils veulent aller chercher leurs enfants à l’école. Quand vous travaillez 40 heures par semaine en tant que médecin généraliste payé à 25 euros la consultation vous ne pouvez pas vous en sortir.

Il faut que le gouvernement comprenne la nécessité pour ces gens-là de respecter leur vie de famille et faire en sorte qu’en travaillant 40 heures par semaine avec les responsabilités qu’ils ont, ils aient suffisamment d’argent pour embaucher du personnel.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/ca-aurait-ete-dommage-de-rester-sur-les-medecins-veulent-doubler-le-tarif-de-consultation

On oublie que le médecin généraliste ou le médecin libéral est quotidiennement confronté à la maladie, à la mort, à la fragilité de l’existence. La difficulté de ce métier les gens qui nous gouvernent ne la reconnaissent pas. De plus, nous avons vu le mépris de ce gouvernement qui oublie la médecine libérale, qui ne pense qu’à l’hôpital. Nous avons plus de 30 morts parmi les médecins libéraux, le gouvernement se permet de faire une conférence de presse de 3 heures avec le premier ministre et le ministre de la Santé en remerciant chaleureusement l’hôpital et ne prononçant pas une seule fois le mot de médecin ou infirmier libéral. Alors que ces derniers ont travaillé sans protection et ont eu plusieurs dizaines de morts. Voilà le mépris de ce gouvernement, qui, impose au seul médecin généraliste une 10e année d’étude sans aucune incitation, sans aucun encadrement, sans aucune concertation, à faire exclusivement dans un désert, avec uniquement le logement. C’est monstrueux !  Nous assistons à un mouvement de révolte qui est lié au mépris et au démantèlement de la profession.

« Si la médecine de ville est démantelé et désertifié l’hôpital croulera. Nous le voyons avec le Ségur, rien n'a été réglé. » 

Qu’attendez-vous des négociations avec François Braun ?

JP H. : J’attends qu’il y ait une négociation du genre d’un Grenelle 68. On réunit les intervenant pendant 3-4 jours dans un même local et on sort avec une réforme du système de santé. Une réforme ou l’on donne les moyens à la ville d’éviter les hospitalisations. De concentrer l’hôpital sur l’hospitalisation. Si la médecine de ville est démantelé et désertifié l’hôpital croulera. Nous le voyons avec le Ségur, rien n'a été réglé.

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