Des détectives privés pour trouver des médecins : « Pour une recherche de 3-4 mois, je facture 3 600€ net »

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Afin de pallier la pénurie de médecins et sortir du désert médical, des communes bretonnes font appel à des détectives privés. Deux d’entre eux expliquent leur quête et leurs méthodes.

Des détectives privés pour trouver des médecins : « Pour une recherche de 3-4 mois, je facture 3 600€ net »

© IStock

Cabinet de recrutement spécialisé, offres financières, aides à l’installation… Depuis plusieurs années, les municipalités tentent par tous les moyens de faire venir des médecins dans leurs communes. En Bretagne, certaines mairies ont même fait appel à des détectives privés. L’idée : trouver des médecins pour leur proposer une vie à la campagne. « Je facture au résultat », explique Jean-Claude Le Badézet, détective privé d’ABC Investigations. « Pour une recherche de trois - quatre mois qui aboutit à une installation, je facture 3 600 euros net. Clairement, je ne fais pas ça pour l’argent mais pour aider ces communes parce que le manque de généralistes touche tout le monde. »

Au début, ça avait commencé un peu comme une blague, aime-t-il à raconter. C’était en janvier 2014, lors d’un déjeuner avec le maire d’un village du Morbihan. « Il me fait part de sa difficulté à trouver des généralistes pour sa commune. Et là, il me lâche ‘toi qui a l’habitude des personnes disparues, tu ne veux pas m’aider ? » Quatre mois plus tard, Jean-Claude Le Badézet lui propose un médecin, puis six autres profesionnel·les de santé. Une maison de santé nait à Pleucadeuc, et dans les communes alentours la rumeur commence à se répandre. Un détective privé aiderait les mairies dans leurs recherches désespérées de médecins. « C’est quand d’autres mairies ont commencé à le contacter qu’il a fait appel à moi parce que je suis une tête chercheuse, ajoute Cornélia Bontemps, détective privée et juriste. Depuis, on travaille ensemble pour aider les communes à embaucher des médecins. »

« Quand tous les commerces ont fermé, qu’il n’y a même plus une boulangerie, je ne peux pas proposer à des médecins de s’y installer. Je sais que ça ne marchera pas. »

Quand elle part à la recherche de généralistes, Cornélia Bontemps écume les hôpitaux, les facultés et fait du porte-à-porte. « En général, je suis bien accueillie. Tout le monde est assez conscient du problème et quand j’explique que l’on est mandaté par une commune et que je liste les avantages proposés, les personnes sont assez réceptives. » En ce moment, les deux détectives recherchent des médecins pour trois communes différentes qui proposent des avantages fiscaux, des locaux neufs ou encore une aide à l’installation en plus des aides de l’ARS. « Après il arrive que certains médecins ne soient intéressés que par l’argent et je sens très vite que ça ne va pas coller, ajoute Jean-Claude Le Badézet. Quand je m’engage avec une commune, l’idée c’est que la personne que je présente à la mairie ait envie de s’installer au moins pour quelques années. Sinon, ça n’a pas d'intérêt. »

Lui, explique aussi qu’il refuse de travailler pour certaines communes « trop loin de tout ». « C’est désolant, mais quand tous les commerces ont fermé, qu’il n’y a même plus une boulangerie à moins de 15 minutes de voiture, je ne peux pas proposer à des médecins de s’y installer. Je sais que ça ne marchera pas. Le médecin qui fait 50 heures semaine, seul dans sa voiture à la campagne, c’est terminé. Moi quand j’accepte un projet, il faut que le projet soit bien pour que je puisse donner envie aux médecins. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/un-tiers-des-medecins-installes-recemment-en-zone-sous-dense-en-ile-de-france-ne-savaient

Quant aux noms de ses clients, Jean-Claude Le Badézet préfère ne pas les divulguer. « Vous allez dire que je suis superstitieux, mais je préfère attendre que tout soit signé avant d’éventuellement donner des noms. 

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