Démographie des pharmaciens : la réalité du terrain confirmée par les chiffres de l’ordre

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[La Chronique du Pharmacien] Comme chaque année, l’ordre des pharmaciens publie, au début de l’été, son panorama de la profession. Féminisation, vieillissement et diminution des effectifs sont les principaux enseignements fournis par ces données démographiques. Mais au-delà des chiffres, une évolution du métier est peut-être en marche.

Démographie des pharmaciens : la réalité du terrain confirmée par les chiffres de l’ordre

Nous étions, au 1er janvier 2021, 73 830 pharmaciens inscrits à l’ordre professionnel. Bien évidemment, cette donnée n’est qu’une photographie partielle de la situation à un instant T car tous les pharmaciens n’ont pas obligation d’inscription. Néanmoins, ces chiffres permettent d’avoir une idée des problématiques d’évolutions de la profession.

Tout d’abord et sans surprise, la féminisation du métier reste au fil des années une constante de notre métier. Là, rien de bien nouveau et cette représentation majoritaire des femmes est relativement commune à de nombreuses professions de santé.

Par contre, deux autres éléments méritent une réflexion plus poussée. Tout d’abord, le vieillissement de la profession est toujours en progression au fil des ans. Même si l’ordre des pharmaciens rassure en expliquant que de plus en plus de jeunes s’inscrivent chaque année, ce constat devrait alerter les instances. Pour « fabriquer » un pharmacien opérationnel, il faut quelques années d’apprentissage avant de pouvoir le laisser seul au comptoir d’une officine ou dans une pharmacie à l’hôpital. Et c’est là que la situation risque dans quelques années de bloquer. 

Car tous ces pharmaciens âgés vont partir à la retraite, laissant libres des places sans avoir d’effectif en face. Déjà que la réalité est tendue dans de nombreuses villes quand on parle de remplacements ou de postes vacants, la situation risque encore de se compliquer. Alors bien évidemment, chaque année de nouvelles générations de pharmaciens sont formées et permettent de compenser les fins de carrière. Mais, 100 % des nouveaux diplômés ne vont pas sur le marché de l’emploi qui leur est destiné. En France, beaucoup de pharmaciens, une fois diplômés, s’orientent vers des professions ne nécessitant pas d’inscription à l’ordre. Il s’agit par exemple des postes dans l’industrie sans responsabilité pharmaceutique proprement dite, des pharmaciens qui vont exercer au sein d’administrations et autres agences de santé ; ou encore celles et ceux, de plus en plus nombreux, qui s’investissent dans l’entrepreneuriat. Tous ces diplômés, car ils sont aussi pharmaciens, échappent donc totalement au radar démographique de l’ordre. Et aujourd’hui, ces chiffres des pharmaciens « non comptabilisés » ne sont pas vraiment connus. Mais, il semble quand même qu’à la sortie de la fac, beaucoup s’orientent vers d’autres carrières que les trois voies « royales » : officine, hôpital ou industrie.

D’autre part, les données publiées par l’ordre montrent également une situation inquiétante sur les effectifs de certaines catégories. Les titulaires d’officine et les pharmaciens biologistes diminuent depuis quelque temps. L’explication avancée repose sur l’évolution d’exercice de la pharmacie et de la biologie en ville. 

Les regroupements de structures sont devenus une réalité. L’optimisation des moyens humains et matériels est devenue un défi pour les groupements de professionnels. Revers de la médaille, cette évolution pénalise surtout les patients qui perdent certains services de santé de proximité. Les déserts médicaux s’accompagnent aujourd’hui de la fermeture de pharmacies et de laboratoires locaux. La concentration de compétences dans des lieux plus importants est devenue une évolution obligée du système.

Les données démographiques constituent de bons indicateurs de l’évolution de notre profession. Mais, comme pour d’autres acteurs de santé, des signes inquiétants apparaissent à la lecture des chiffres. Même si le discours de notre instance ordinale reste positif, les constats d’aujourd’hui risquent bien, dans quelques années, d’avoir des répercussions sur l’organisation et l’accès à notre système de soins pharmaceutiques.

 

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Plus d'infos sur les grandes tendances de la démographie des pharmaciens au 1er janvier 2021

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