Covid, hôpitaux, déficit : le budget de la Sécu (présenté lundi) va être serré

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Entre une possible rallonge pour les hôpitaux, une probable enveloppe pour le Covid et un déficit à réduire, le budget 2023 de la Sécu présenté lundi a des airs de quadrature du cercle, même si l'attention se focalise sur une éventuelle réforme des retraites.

Covid, hôpitaux, déficit : le budget de la Sécu (présenté lundi) va être serré

© IStock

Hôpitaux : la facture s'envole

Les établissements de santé n'échappent pas à la flambée des prix : énergie, alimentation, nettoyage... La FHF a déjà réclamé une rallonge d'un milliard d'euros pour éponger l'ardoise cette année. Et il faudra sans doute remettre au pot en 2023, rien que pour compenser les hausses attendues des tarifs du gaz et de l'électricité.

Le secteur privé, également financé par la Sécu, n'est pas en reste. Cliniques lucratives (FHP) comme associatives (Fehap) réclament également un coup de pouce, chiffré en centaines de millions d'euros, pour rattraper l'inflation, mais aussi les revalorisations salariales du public.

L'Assurance maladie devra cependant se garder une marge de manœuvre pour la négociation d'une nouvelle convention avec les médecins libéraux, qui espèrent obtenir une hausse significative des tarifs de leurs consultations.

Covid : une dose de précaution

A l'orée d'une huitième vague épidémique, et d'une nouvelle campagne de rappel vaccinal cet automne, difficile d'imaginer arrêter les frais au 31 décembre. Le budget devrait donc logiquement inclure une provision pour les tests, vaccins, arrêts maladie et autres surcoûts hospitaliers imputables au Covid.

Reste à bien calibrer cette enveloppe, jusqu'ici sous-estimée dans les grandes largeurs. En 2021, les 4,3 milliards initialement mis en réserve n'ont même pas couvert le quart des 18,2 milliards finalement dépensés. Rebelote en 2022, avec une cible fixée à 4,9 milliards et doublée cet été à 10,6 milliards.

Une dérive essentiellement due au dépistage de masse dans les pharmacies et les laboratoires, dont la prise en charge intégrale par la Sécu n'est pas remise en question, pour l'instant.

Déficit : gare à la rechute

Le rebond touche à sa fin. En deux ans, la reprise vigoureuse de l'emploi et de l'économie a permis d'effacer plus de la moitié du record abyssal de 2020 (-38,7 milliards d'euros).

Les dernières prévisions, établies en juin, tablent sur une perte de 16,8 milliards cette année, certes encore colossale, mais moindre que prévu dans le budget voté en décembre.

Sauf que l'horizon s'est assombri pour 2023, avec une croissance revue en baisse et une inflation révisée en hausse par le gouvernement. Un contexte peu propice au redressement des comptes sociaux, d'autant plus que les dépenses de santé vont encore progresser d'au moins 3,5% - soit plus de 8 milliards supplémentaires.

De quoi financer notamment en année pleine l'augmentation du point d'indice pour les fonctionnaires hospitaliers, entrée en vigueur en juillet.

Retraites : la surprise du chef

Inenvisageable il y a deux semaines, l'hypothèse d'une réforme "paramétrique" (âge légal ou durée de cotisation) dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a surgi à la faveur du dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites.

Arguant des déficits à venir, le gouvernement songe sérieusement à profiter de l'occasion pour tenir la promesse de campagne d'Emmanuel Macron. La mesure ne devrait cependant pas figurer dans le texte initial - ni, donc, dans son étude d'impact - mais serait ajoutée par amendement, lors de l'examen du texte à l'Assemblée en octobre.

Mais l'exécutif n'a pas encore tranché, car la voie budgétaire ne permet pas d'aborder certains sujets comme les régimes spéciaux, que le chef de l'Etat s'est engagé à supprimer. Ce qui obligerait à remettre l'ouvrage sur le métier, au risque de conflits sociaux à répétition.

Avec AFP

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