« Comme les étudiants sont absents en cours, les PU-PH de néphro ont conçu des podcasts de révision et ça cartonne sur Spotify »

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NéphrOdio, des podcasts à la Fred et Jamy pour réviser les EDN de néphrologie ça existe maintenant ! Entièrement réalisés par des enseignants PU-PH ou maîtres de conf, ils permettent d’assimiler où que vous soyez vos items. Explications avec Dominique Guerrot, PU-PH, néphrologue au CHU de Rouen, à l’origine du projet.

« Comme les étudiants sont absents en cours, les PU-PH de néphro ont conçu des podcasts de révision et ça cartonne sur Spotify »

© IStock 

What's up doc : En quoi consiste NéphrOdio ?

Dominique Guerrot : C’est une série de podcasts mis en place par le collège universitaire des enseignants en néphrologie (CUEN), 100 % gratuit, à visée purement éducative, entièrement conçue par des enseignants en néphrologie.  Ces podcasts ont pour objectif d’être utiles dans la préparation des examens nationaux, les EDN (remplacement des ECNI).  Chaque podcast traite un sujet comme par exemple l’hypertension ou la lithiase urinaire en 6 à 13 minutes.

À qui s’adressent-ils ?

D G. : Ces podcasts s’adressent aux étudiants de deuxième cycle, ceux qui passent le DFASM, donc les étudiants de 4e,5e,6e année.

Comment a été financée la production ?

D G. : La fabrication des podcasts et leur production ont été payés par le Collège des enseignants, il n’y a aucun sponsor industriel.

Comment vous est venue l’idée ?

D G. : Les étudiants sont de plus en plus absents au cours. Même si il y a moins de cours magistraux au profit de formats d’enseignement dirigé type conférence d’internat. Et même dans ces cours-là, quelle que soit la fac, les étudiants viennent de moins en moins. Ils cherchent à optimiser leurs apprentissages. Les podcasts étaient une façon pour ceux qui ont une mémoire auditive, ceux qui ont des temps de transport ou qui font du jogging de leur amener un complément d’apprentissage qui soit adapté à leur façon d’apprendre et à leur contrainte au quotidien.

Étiez-vous seul dans l’aventure ?

D G. : J’ai eu l’idée, après je l’ai soumise au Collège des enseignants. Ils ont validé le concept. Nous avons monté une équipe de quatre enseignants jeunes et dynamiques, un peu branchés dans le digital, avec des facilités à s’exprimer à l’oral. Nous avons mis au point les contenus. Chaque item a été créé sous la forme d’un dialogue entre deux enseignants, et à deux ils balayent la thématique choisie.

Cela a représenté beaucoup temps de travail ?

D G. : Oui, il y a plusieurs journées de travail de préparation important en amont. Puis l’enregistrement s’est fait sur deux jours dans un studio professionnel à Lyon.

Cela a été facile de convaincre vos collaborateurs ? Le projet a été accueilli avec enthousiasme ?

D G. : Oui avec beaucoup de motivation et d’enthousiasme. Au moment de lancer le concept j’ai demandé sur Twitter aux étudiants s’ils seraient intéressés par le traitement des items en une dizaine de minutes par podcast. J’ai eu beaucoup de réponses positives. Cela a été relayé par l’Anemf. Des collègues, des jeunes néphrologues se sont proposés spontanément pour faire partie du projet. Cela a été plus difficile de limiter le recrutement. Nous nous sommes fixé un cahier des charges. Nous ne voulions trop de monde pour ne pas augmenter les coûts et l’hétérogénéité de la production.

Le podcast est un vrai succès sur Spotify ?

D G. : Oui cela a été le cas dès le lancement. Le succès est beaucoup plus important que ce qu’on imaginait. En quinze jours nous étions à 30 000 téléchargements de podcasts.

C’est toujours le cas ?

D G. : Comme on a mis tous les épisodes en ligne d’un coup, on n’est pas du tout dans le même timing que les podcasts de France inter avec un podcasts tous les jours ou toutes les semaines. Les ¾ sont écoutés en intégralité, et sur les 7 derniers jours nous avons eu 3 600 auditeurs uniques. Il y a l’équivalent d’une demi-promo d’étudiants en médecine qui les ont téléchargés.

Est-ce révélateur d’un manque dans l’enseignement ?

D G. : Oui totalement. Et c’est révélateur aussi quand on voit les notes et commentaires sur Spotify ou sur Apple podcast, ou même sur les réseaux sociaux. Les étudiants les trouvent qualitatifs. C’est un complément, mais on voit bien que cela répond à un besoin.

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Tous les CHU devraient en faire pour toutes les Spés ?

D G. : Cela ne dépend pas tellement des CHU. La particularité c’est que c’est le Collège des enseignants qui conçoit le programme des examens nationaux qui réalisent le podcast. Donc les étudiants lui font confiance. C’est le principe ! Je pense que notre succès est dû à cela, les étudiants savent que c’est validé par les instances d’enseignants. Cela correspond à ce qui fait foi pour l’apprentissage. Ce serait une très bonne idée d’en réaliser dans d’autres spécialités mais il faut que ce soit coordonné par les Collège d’enseignants.

Est-ce que vous pensez qu’un médecin généraliste ou un néphrologue senior peut y trouver un intérêt ?

D G. : Un néphrologue senior je ne pense pas, c’est du niveau requis pour l’examen, ce sont des connaissances socles. Pour un généraliste oui. On a pensé le programme pour qu’il soit intéressant pour les étudiants, c’est-à-dire sans déborder du programme de l’examen national, mais aussi pour les généralistes. Nous avons essayé de traduire en cas pratique ce qui était dans les livres.

Suite au succès de ce podcast avez-vous d’autres projets ?

D G. : Oui on pourrait réfléchir à des projets complémentaires, pour préparer les étudiants à d’autres évaluations : des examens sur des cas cliniques, la physiologie, les connaissances de premier cycle. Pour l’instant c’est à l’état de projet. Nous attendions de voir si cela fonctionnait bien sur ces podcasts-là pour réfléchir à une suite.

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