Classement des spécialités 2023 : « La rhumato a baissé, car notre spécialité est imparfaitement connue »

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Cette spé à la fois technique et humaine accuse un recul de 9 places. Moins excitante ou lucrative que certaines, les enseignants défendent une discipline variée et en évolution permanente. 

 

Classement des spécialités 2023 : « La rhumato a baissé, car notre spécialité est imparfaitement connue »

23e rang, -9 places dans le classement, un rang moyen du 3075e interne au classement... Et sur le podium des CHU à l’avoir choisie, Strasbourg, Bordeaux, Toulouse. « Nous ne sommes pas inquiets quant à cette chute, la place de la rhumato dans le classement peut fluctuer, modère Bruno Fautrel, chef de service rhumatologie de La Pitié-Salpêtrière et président du Collège français des enseignants de rhumatologie (Cofer). Les internes apprécient cette spécialité dynamique et variée et le recours au droit au remord est très limité. En revanche, il apparaît que cette spécialité est imparfaitement connue, d’où des actions spécifiques qui seront menées dans les mois qui viennent. Elle est associée au vieillissement, à l’arthrose, à la douleur et à la plainte des patients. » 

Un exercice mixte et en évolution

Et pourtant, s’y niche la promesse de carrières épanouies et riches, caractérisées par une forte dimension humaine : « Il faut interagir, parler avec le patient – et donc aimer les gens – pour comprendre ce qui se cache derrière le symptôme : du psychosomatique parfois, mais aussi beaucoup d’immunologie qui joue un rôle à la fois dans le développement des maladies inflammatoires et dans leurs conséquences ; les dernières années ont bien montré le rôle de cellules de l’immunité ou de cytokines pro-inflammatoires (neuro-inflammation) dans les phénomènes de sensibilisation centrale à la douleur, à l’origine de syndromes douloureux chroniques. Des maladies pour lesquelles un élément de rééducation sera au premier plan. On décrit souvent les internes de rhumato comme très empathiques. Nous avons également dans la spécialité une place importante pour l’imagerie, que ce soit l’échographie – le "stéthoscope du rhumatologue” – ou la densitométrie osseuse, et les gestes articulaires ou rachidiens que nous réalisons avec ou sans repérage radiographique et échographique. J’ajouterai également que nombreux sont ceux se formant à l’hypnose pour faciliter la réalisation des gestes percutanés, ce qui ajoute une corde tout à fait intéressante et originale à notre arc. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/classement/etablissements-par-specialite/2023/92

Le tout dans un secteur peu saturé, même à Paris, et une densité de rhumatologues à la baisse, du fait du numerus clausus. Bruno Fautrel décrit une discipline en mouvement : « En 15 ans, l’arrivée de médicaments très puissants – immunomodulateurs ciblés – a transformé le pronostic de rhumatismes inflammatoires. Le développement de ces traitements n’a cependant pas réduit l’attrait d’autres thérapeutiques, que ce soit la rééducation ou les gestes (infiltrations, biopsies, lavages articulaires)… réalisés selon différentes techniques (scopie, écho) diagnostiques ou thérapeutiques. Nous pratiquons aussi les ostéodensitométries pour quantifier le risque de fracture chez les personnes ostéoporotiques... » À ceci s’ajoute la coordination d’équipes paramédicales (infirmière d’éducation, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, enseignant en activité physique adaptée...), et un travail d’équipe particulièrement stimulant. 

Pour accompagner l’évolution de la spé, le Cofer milite pour une 5e année d’internat puisque, si l’enseignement de la prise en charge est bien couverte par les services hospitaliers, l’apprentissage des gestes techniques nécessite un temps additionnel plus facilement accessible en stage de ville. « Nous travaillons à la réalisation de stages mixtes combinant une majeure partie à l’hôpital et des demi-journées dans des cabinets libéraux », conclut Bruno Fautrel.  

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