Classement des CHU et des Spés : À la pêche… aux infos

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Choisir une spé, choisir la ville où on va l’apprendre, c’est choisir une bonne partie de sa vie. Mieux vaut donc fonder sa décision sur de bonnes informations. Parmi toutes les sources possibles, les jeunes internes semblent en privilégier une : leurs prédécesseurs.

Classement des CHU et des Spés : À la pêche… aux infos

La tension est à son comble. Le face-à-face est cruel. D’un côté, un écran ouvert sur CELINE, la célèbre interface du Centre national de gestion (CNG) permettant aux futurs internes de choisir leur spécialité et leur CHU (en fonction de leur classement dont vous pouvez télécharger gratuitement l’ensemble des tableaux par CHU et par Spés pour comparer). De l’autre, un jeune lauréat des ECN. Son doigt s’approche de l’écran. Il s’apprête à décider du métier qu’il exercera pendant l’ensemble de sa carrière professionnelle.

Soudain, un doute l’étreint. Est-il sûr de s’être suffisamment renseigné avant d’appuyer sur “valider“ ? Est-il certain que les renseignements qu’il a pris sont fiables à 100 % ? N’aurait-il pas dû mieux fouiller le site de la fac, écumer davantage les réseaux sociaux, éplucher plus avant les possibilités d’interCHU ? Et surtout : n’aurait-il pas dû échanger avec davantage des personnes ayant, avant lui, choisi la même spé dans la même ville ?

Car c’est un lieu commun qu’il n’est jamais inutile de rappeler : nos décisions les plus importantes sont, le plus souvent, le fruit d’une rencontre.

« Au moment de choisir une spécialité, je me suis dit que j’allais faire pareil que des gens que j’admirais »

« Je marche à l’affect, à l’identification, et au moment de choisir une spécialité, je me suis dit que j’allais faire pareil que des gens que j’admirais », assume par exemple Quentin Estrade, interne en 2e année de cardiologie à Toulouse (et accessoirement candidat aux législatives à Narbonne, mais cela est une autre histoire). Il se trouve que durant toutes ses études médicales, le jeune homme a joué au rugby dans deux équipes de sa fac de médecine. « Il y avait dans ces équipes deux médecins qui m’ont beaucoup expliqué ce qu’ils faisaient, qui ont rendu leur quotidien vivant à mes yeux », poursuit-il.

Émeline Fontenoy, actuellement en 7e semestre de médecine du travail à Paris, a également privilégié le contact direct pour choisir sa future spécialité. Elle avait, très tôt au cours de son externat, identifié la médecine du travail comme étant la discipline qui l’intéressait le plus. Et pour être sûre de ne pas se tromper, elle s’en est remise à ses aînés. « En cherchant sur internet, j’ai trouvé des noms d’internes qui avaient été interviewés pour divers articles, et je les ai contactés, se souvient-elle. J’ai aussi contacté un PU qui travaille à Créteil, avec lequel j’ai pu échanger, et grâce auquel j’ai pu assister à des visites. » Résultat : arrivée à l’heure du fameux choix, la Francilienne s’estimait suffisamment renseignée pour cliquer en toute confiance.

« J’ai cherché les noms des internes de ma Spé qui avaient choisi un CHU et je les ai contactés »

Mais qu’en est-il lorsque la principale inconnue porte non pas sur la spécialité que l’on souhaite exercer, mais sur la ville où l’on va effectuer son internat ? Eh bien à en croire Capucine Piat, actuellement en 2e année de neurologie à Nantes, la réponse est la même : ce qui prime, c’est ce que disent les gens qui ont vécu ce que vous allez vivre. « Mon critère, c’était la neuro, et la ville suivait », raconte-t-elle. Rapidement, avec les premières simulations sur CELINE, deux pistes se sont dessinées pour elle : Nantes et Toulouse. « J’ai cherché sur internet les noms des internes de neuro qui avaient pris ces villes et je les ai contactés, se souvient la jeune femme. J’ai eu plusieurs personnes des deux CHU au téléphone, j’ai aussi parlé avec un chef de clinique de Nantes… Rien qu’à entendre la voix des gens, on voit s’ils sont bien là où ils sont ou pas. »

« J’ai essayé de voir si l’internat était bien, s’il y avait une bonne ambiance… »

Et les questions à leur poser ne manquaient pas. « J’ai essayé de voir si l’internat était bien, s’il y avait une bonne ambiance, si on était libres dans les choix de stages… », se souvient-elle. Des coups de fil qui lui ont permis de se rendre compte que les internes toulousains « avaient l’air plus surchargés, plus fatigués… ». Voilà qui, en plus d’autres critères tels que la localisation géographique, a fini par faire pencher définitivement la balance en faveur de la cité atlantique.

Et un an et demi plus tard, elle ne regrette pas son choix. « On m’avait plutôt bien présenté le service, l’organisation, les opportunités, l’ambiance, je n’ai pas eu de surprise », se félicite la Nantaise d’adoption.

« Je n’ai pas pensé à demander comment le CHU était organisé »

En revanche, elle se rend compte qu’elle aurait pu s’intéresser à bien d’autres choses. « Je n’ai pas pensé à demander comment le CHU était organisé, remarque-t-elle. Or à Nantes, nous avons deux sites, et les urgences ne sont pas avec la neuro, ce qui influence beaucoup la pratique. »

Elle conseille donc aux futurs internes de ne pas se contenter d’informations sur le service qui les intéresse, mais d’élargir leur curiosité à l’ensemble du CHU. « Pour ceux qui veulent faire des interCHU, ou des masters, tout ne dépend pas uniquement de votre spécialité, mais souvent d’institutions comme les facs ou les ARS », souligne-t-elle. D’où l’importance de voir un peu plus loin que le bout de son nez.

« Je me suis très peu renseignée via les associations, les forums ou les réseaux sociaux… »

Fait notable, parmi les internes interrogés, aucun ne dit avoir été influencé par la communication institutionnelle : ils sont restés complètement indifférents aux campagnes sur les réseaux sociaux, plaquettes, etc., que peuvent diffuser les sociétés savantes, associations de jeunes des différentes spécialités, ou les CHU. « Cela ne m’a pas vraiment atteinte, je n’ai pas vraiment vu de communication de ce style », avoue Capucine. « Je me suis très peu renseigné via les associations, les forums ou les réseaux sociaux… », explique pour sa part Quentin. Je n’ai pas demandé à savoir, cela ne m’intéressait pas forcément. » Reste que comme pour tout, il faut se prémunir des réponses uniques. « On est tous différents, pour moi c’est comme cela que ça a fonctionné, mais c’est une solution parmi d’autres, prévient le futur cardiologue. Ce qu’il faut, surtout, c’est être curieux. »

Chacun sa route, chacun son chemin en quelque sorte.

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