« Chaque cours que nous recevons par Mehad, chaque compétence que nous pouvons développer, est une vie sauvée »

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Pour permettre aux médecins ukrainien·nes de sauver plus de vie, l’ONG Mehad a mis en place un module de formation à Kharkiv et à Lviv, notamment une formation à l’échographie d’urgence pour remplacer scanner et radio.

« Chaque cours que nous recevons par Mehad, chaque compétence que nous pouvons développer, est une vie sauvée »

Pierre Catoire, urgentiste, chargé de la formation à l'échographie d’urgence en Ukraine.

© Mehad

Pour venir en aide aux Ukrainien·nes, l’ONG Mehad (ex-UOSSM France) organise des formations à destination des médecins sur place. L’idée : co-construire un module qui soit adapté à leurs besoins et permettre une meilleure prise en charge des personnes blessées par la guerre. « Notre rôle n’est pas de dire que nous connaissons mieux la médecine qu’eux », précise Pierre Catoire, chargé de la formation à l'échographie d’urgence à Kharkiv et Lviv. « Notre rôle est de former à certaines spécificités de la médecine de guerre, comme par exemple, pour l'échographie. »

Une ONG née pendant la guerre en Syrie

Ce module, coconstruit, doit permettre, à terme, de former environ 10 000 soignant·es, médecins comme paramédicaux. « En terrain de guerre, l'échographie a une utilité importante, continue Pierre Catoire. Elle va permettre de remplacer les scanners comme les radios et elle est transportable. En Ukraine, l’aide médicale n’est pas forcément la plus utile. Il y a des médecins sur place qui sont très compétents, des hôpitaux et des centres de soins. Arriver dans un pays en guerre que l’on ne connaît pas et dont on ne parle pas la langue pour soigner, c’est très compliqué. Et encore une fois, ce n’est pas notre rôle à Mehad. Nous ne sommes là que pour de courtes formations, après ce sont les médecins sur place qui prennent le relai. »

Née en 2011, pendant la guerre en Syrie d’une coalition de petites structures, l’ONG Mehad (berceau en arabe) est financée, entre autres, par des dons privés, le ministère des affaires étrangères et la Chaîne de l’espoir. Forte de ces dix ans d’expérience en zone de guerre, ces membres, médecins syriens et français, accompagnent aujourd'hui, des médecins dans leur pratique de la médecine de guerre, à travers de courtes formations.

10 000 médecins et soignants à former

En mai dernier, neuf médecins ukrainiens avaient aussi réussi à obtenir une autorisation temporaire de quitter le territoire pour venir en France et être formés. « Pour toucher plus de monde, nous avons fait le choix de nous rapprocher des médecins, notamment à Kharkiv, souligne Pierre Catoire. Cela nous permet de toucher plus de monde et d’être plus efficace. » Car depuis le début des attaques russes en février dernier, les hommes en âge de combattre ne sont pas autorisés à quitter le pays.

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 « Cette formation est une réponse à notre besoin de médecin dans notre pays en guerre, ajoute le chirurgien Vitalii. Dans cette situation de catastrophe, le temps est compté. Nous avons deux minutes pour agir. Chaque cours que nous recevons, chaque compétence que nous pouvons développer, est une vie sauvée. »
Formé à Lviv, il dispense désormais des formations aux autres médecins. Dans les prochains mois, l’ONG va former à la prise en charge après des attaques chimiques. « En Syrie, les médecins de Mehad ont, malheureusement, acquis une expérience pour prendre en charge au mieux les personnes victimes d’attaques chimiques, reconnaît Pierre Catoire. Et aujourd’hui, en Ukraine, la demande est très forte pour ce module. »

Les besoins sont toujours aussi urgents et importants en médecine de guerre en Ukraine et en Syrie. Soutenez l’action de formation de Mehad. Pour 250 euros, vous participez au financement d'une sonde portative d'échographie d'urgence. Faites un don.

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