Burn-out des médecins, l’autre épidémie mondiale décryptée

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Une enquête internationale se penche sur l’état d’épuisement professionnel des médecins et infirmiers dans plusieurs pays, dont la France, après un an de Covid-19. La surcharge de tâches administratives frappe par-delà les frontières et l’arrivée d’outils technologiques innovants est vue d’un bon œil. Ce qu’il faut en retenir.

 

Burn-out des médecins, l’autre épidémie mondiale décryptée

Une épidémie peut en cacher une autre. Pris dans la vague pandémique de la Covid-19, les rangs des soignants essorés, voire en burn-out, se garnissent de mois en mois. Dans une étude tout juste publiée, l’organisation américaine à but non lucratif HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society) et Nuance Communications tirent la sonnette d’alarme : le phénomène s’amplifie. Déjà, en 2019, The Lancet publiait un article intitulé « Le burnout du médecin : une crise globale » (Physician burnout: a global crisis). L’irruption du nouveau coronavirus n’a fait qu’attiser l’incendie, constate l’enquête menée dans plusieurs pays, dont la France1.

 

97 % des médecins ont connu l’épuisement

Premier constat : le phénomène du burn-out médical est bien mondial. 97 % des médecins interrogés affirment avoir vécu au moins un épisode d’épuisement professionnel au cours de leur carrière. Un chiffre qui grimpe à 99 % chez les infirmiers. Chez les médecins, aucune spécialité ne serait épargnée. Il apparaît en revanche que l’essorage se révèle plus marqué… en France : 67 % des soignants français interrogés ont affirmé être dans une situation d’épuisement professionnel au moment de l’enquête, la proportion la plus élevée parmi les pays ciblés.

Les journées (et les nuits) de travail à rallonge sont une constante : 88% des médecins affirment travailler plus de 40 heures par semaine. Le chiffre n’a pas été choisi au hasard. Selon une étude menée à l‘université de Saragosse2, en Espagne, une charge de travail hebdomadaire supérieure à 40 heures est associée à une prédisposition accrue à l’épuisement professionnel.

Pour 88% des soignants enfin, la pandémie de la Covid-19 n’a fait qu’aggraver le phénomène. Les raisons invoquées ? Hausse des consultations à distance – 50 % des médecins français interrogés se disent concernés –, port d'EPI (équipements de protection individuelle), nouvelles compétences exigées, retards ou annulations des traitements…

 

 

 

 

Des facteurs aggravants

L’étude met en lumière les facteurs aggravants de burn-out les plus souvent cités chez les soignants interrogés. On y trouve, pêle-mêle, la lourdeur de la charge de travail, l’instabilité des plannings ou des équipes, les annulations de vacances et de week-ends, le manque d’autonomie, un leadership inadapté, des patients beaucoup plus exigeants… Côté politique publique, sans surprise, les faibles rémunérations sont pointées du doigt.

Parmi les causes majeures de stress, la volume de la documentation à fournir occupe une place centrale. Dit autrement, la charge administrative est en train d’écraser les soignants en réduisant dramatiquement leur temps passé auprès des patients : 80 % des soignants interrogés (82% des médecins) ont confirmé que la documentation médicale ou des soins contribue de manière significative à leur épuisement. « Il y a quelque temps, nous avons réalisé une enquête et avons découvert que les soignants passent environ 11 heures par semaine à créer de la documentation et que jusqu'à deux tiers de ce temps peut être consacré à la narration », justifie le Dr Simon Wallace, Chief Clinical Information Officer (CCIO) de Nuance Communications, société pionnière de la technologie et de l'IA conversationnelle, appliquée notamment dans le champ médical. L’interaction avec les patients n’occuperait plus que 13 % de la journée de travail des soignants ! Une paille.

 

SOS intelligence artificielle ? Une piste sérieuse

La bouffée d’oxygène viendra-t-elle des nouvelles technologies ? Les outils numériques nourris à l’intelligence artificielle peuvent-ils fluidifier notre quotidien professionnel ? Près d’un tiers des interrogés y croient. Pour eux, des outils de reconnaissance vocale enrichis à l’IA sont capables de réduire les tâches administratives chronophages. « Cela signifie qu'au lieu de taper sur un clavier, les soignants peuvent utiliser leur voix pour rédiger une note d'admission, une note de visite, une note de procédure, un compte-rendu d’hospitalisation, ou un compte-rendu de consultation externe, détaille Simon Wallace. Nous parlons trois fois plus vite que nous tapons et, avec une solution de reconnaissance vocale portée par l'IA, le Deep Learning et les algorithmes permettent désormais une très grande précision, de sorte que les soignants ne doivent pas faire de corrections ».

Au-delà de cette solution précise, la technologie est vue par une partie significative du corps médical comme une source potentielle de progrès. « La technologie pourrait être mise en place pour aider les infirmiers à libérer plus de temps pour d'autres tâches orientées vers le relationnel », estime ainsi Nicole Mercier, cadre de santé à l’Hôpital de Fourvière, à Lyon. « La technologie a un grand potentiel, mais il faut que l'élément humain soit bien présent », insiste pour sa part Helen Balsdon, responsable de systèmes d'information dans les hôpitaux universitaires de Cambridge NHS Foundation Trust, au Royaume-Uni, citée dans l’enquête. « Pour être adoptée durablement, la technologie doit apporter une valeur ajoutée et avoir un impact positif sur ce que nous faisons et sur la manière dont nous le faisons ».

 

Pour découvrir les résultats de l’enquête en détail, téléchargez le livre blanc « De la surcharge de travail à l’épuisement professionnel. Ce que pensent les soignants »  ici.

 

Un article écrit en partenariat avec Nuance Communications

 

Source:

1. Enquête réalisée auprès de 443 soignants (médecins et infirmiers) en Australie, Allemagne, Belgique, Danemark, Finlande, France, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède, entre le 19/11/2020 et le 26/02/2021.

2. https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-244X-11-49

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