Au bloc, les étiquettes se dotent de super-pouvoirs écologiques

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Le CH d’Auxerre modifie depuis le début de l’année l’étiquetage des dispositifs médicaux utilisés au bloc. L’objectif : donner aux soignants une idée du coût économique et environnemental des interventions… et leur permettre de faire le bon choix !

Au bloc, les étiquettes se dotent de super-pouvoirs écologiques

© IStock

Et si de tous petits autocollants avaient l’énorme pouvoir de réduire l’empreinte écologique des blocs opératoires ? C’est l’idée un peu folle qu’ont eue les soignants du CH d’Auxerre. Depuis le premier semestre 2022, les arsenaux (c’est comme cela qu’on appelle les réserves dans le jargon chirurgical) de l’établissement bourguignon se sont bardés de nouvelles étiquettes indiquant non seulement le nom des dispositifs médicaux, mais aussi des informations telles que le prix qu’ils ont coûté à l’hôpital, leur provenance, leur poids ou encore le pourcentage de leur masse qui est valorisable dans des filières de tri vertueuses. L’idée étant que, tel un consommateur se fiant au NutriScore pour trancher entre deux boîtes de petits pois, chirurgiens et infirmiers puissent choisir leur matériel en toute connaissance de cause.

Etiquettes écologiques pour bloc CH Auxerre

« Dans nos équipes, de plus en plus de gens sont mal à l’aise avec le fait de ne pas pouvoir appliquer à l’hôpital les bonnes pratiques environnementales qu’ils ont chez eux », constate le Dr Baptiste Borraccino, chirurgien viscéral et digestif au CH d’Auxerre qui se trouve à l’initiative du projet. Et celui-ci est formel : en sélectionnant les bons dispositifs médicaux, et sans faire aucune concession sur la qualité des soins, il est possible de réduire drastiquement le poids environnemental des interventions.

Jusqu’à 33 % de déchets en moins

Avec les équipes de l’établissement, il a ainsi pu calculer que le coût d’une sleeve gastrectomie pouvait passer, en fonction des dispositifs médicaux utilisés, de 1862 € à 1091 € (-41 %). Le poids des déchets générés pouvait quant à lui passer de 4,7 à 3,4 kg (-28 %). Des chiffres du même type sont observés pour la sigmoïdectomie (-33 % pour le prix et -16 % pour les déchets), ou pour la cholécystectomie (respectivement -48 % et -33 %).

Pour l’instant, une centaine de références ont pu être réétiquetées, sur les 3 000 que compte le bloc, indique le chirurgien. « C’est un gros travail, les industriels ne nous donnent pas l’info, on doit donc tout faire nous-mêmes », souligne-t-il, ajoutant qu’une collaboration venait justement de démarrer avec le prestataire de déchet de l’hôpital, « qui va prendre nos dispositifs médicaux et les analyser ».

Reste bien sûr, à évaluer tout cela. « Les retours sont positifs, mais pour l’instant, nous n’avons pas encore pu évaluer l’impact, il faudra pour cela attendre que nous ayons pu étiqueter davantage de dispositifs », explique le Bourguignon. Mais celui-ci compte bien mener une évaluation rigoureuse, et surtout diffuser l’information pour voir si d’autres blocs pourraient suivre l’exemple auxerrois. Une vidéo est d’ailleurs en préparation sur le sujet, et l’initiative a même reçu cette année un « Prix de la transition écologique » de la part de la Fédération hospitalière de France (FHF). Voilà des étiquettes qui savent faire parler d’elles !

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